C'était l'année des Jeux Olympiques
Chez nous, à Berlin, près de Marzahn
Alors, ils inventèrent le fléau tzigane
Les races inférieures et toute cette politique.
Sans bruit, ils raflèrent tous les Tziganes
Pour construire des Zigeunerlagers et en avant la musique
Ils reprirent la Rhénanie sur un air de guerre.
Et à tous , ils imposèrent l'adhésion aux lubies de Hitler
À la veille des Jeux olympiques
Nous, socialo-communistes, anarchistes, politiques
Triangles rouges au camp du chant des marais,
Les vrais tourbiers de la nation germanique
Les ennemis du peuple, comme il disait
Nous les internés du camp d'Esterwegen,
Optimistes – en avant la musique, nous on espérait une libération.
On eut les Jeux olympiques de Sachsenhausen
À Sachsenhausen près de Berlin
Sur trente hectares pas un de moins
En guise de compétition, de nos mains
Nous les tourbiers de la nation,
On construisait notre camp de concentration.
En guise de compétition, de nos mains
Sur trente hectares, pas un de moins
À Sachsenhausen près de Berlin.
À Berlin près de Sachsenhausen
Aux portes de notre camp de concentration
S'affrontaient pacifiquement d'autres champions
Devant les touristes venus de toutes les nations
À cent mille pour voir défiler les jeunesses hitlériennes
À cent mille pour écouter la marche wagnérienne
À cent mille bras tendu pour saluer le grand aryen.
À Berlin près de Sachsenhausen
À la fin des Jeux olympiques
Nous, socialo-communistes, anarchistes, politiques
Triangles rouges au camp du chant des marais,
Les vrais tourbiers de la nation
Les ennemis du peuple, comme il disait
On construisit notre camp de concentration
Après les Jeux olympiques à Sachsenhausen près de Berlin
On est resté à Sachsenhausen près de Berlin.
Chez nous, à Berlin, près de Marzahn
Alors, ils inventèrent le fléau tzigane
Les races inférieures et toute cette politique.
Sans bruit, ils raflèrent tous les Tziganes
Pour construire des Zigeunerlagers et en avant la musique
Ils reprirent la Rhénanie sur un air de guerre.
Et à tous , ils imposèrent l'adhésion aux lubies de Hitler
À la veille des Jeux olympiques
Nous, socialo-communistes, anarchistes, politiques
Triangles rouges au camp du chant des marais,
Les vrais tourbiers de la nation germanique
Les ennemis du peuple, comme il disait
Nous les internés du camp d'Esterwegen,
Optimistes – en avant la musique, nous on espérait une libération.
On eut les Jeux olympiques de Sachsenhausen
À Sachsenhausen près de Berlin
Sur trente hectares pas un de moins
En guise de compétition, de nos mains
Nous les tourbiers de la nation,
On construisait notre camp de concentration.
En guise de compétition, de nos mains
Sur trente hectares, pas un de moins
À Sachsenhausen près de Berlin.
À Berlin près de Sachsenhausen
Aux portes de notre camp de concentration
S'affrontaient pacifiquement d'autres champions
Devant les touristes venus de toutes les nations
À cent mille pour voir défiler les jeunesses hitlériennes
À cent mille pour écouter la marche wagnérienne
À cent mille bras tendu pour saluer le grand aryen.
À Berlin près de Sachsenhausen
À la fin des Jeux olympiques
Nous, socialo-communistes, anarchistes, politiques
Triangles rouges au camp du chant des marais,
Les vrais tourbiers de la nation
Les ennemis du peuple, comme il disait
On construisit notre camp de concentration
Après les Jeux olympiques à Sachsenhausen près de Berlin
On est resté à Sachsenhausen près de Berlin.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2011/5/22 - 21:11
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Canzone française – Les Jeux Olympiques de Sachsenhausen près de Berlin– Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 35
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Dis-moi, Lucien l'âne mon ami, aimes-tu les grandes compétitions, les rassemblements de foule, les affrontements dans les stades et toutes ces sortes de choses ? Car si tu aimes l'agonisme, elle te ravira notre chanson qui raconte à sa manière les Jeux Olympiques de Berlin en 1936.
Allons, allons, mon ami Marco Valdo M.I., tu galèjes... Tu sais aussi bien que moi que nous, les ânes, nous sommes des animaux fort peu compétitifs. À vrai dire, on déteste çà. D'abord, l'idée-même de compétition me donne la nausée tant elle me paraît absurde et peu respectueuse des autres, des plus faibles, des moins bien pourvus... Elle est destructrice. Ensuite, la masse, la foule, le rassemblement renforcent encore cet effet dévastateur. Et puis, de façon générale, je suis un âne et un honnête solipède qui – comme la plupart des ânes - vit en solitaire. Je me sens bien avec moi-même et s'il échet, je ne déteste pas une petite compagnie, mais pas plus.
En somme, Lucien l'âne mon ami, je te reconnais bien là. Tu serais plutôt du genre à préférer une tranquille solitude à l'exaltation collective. Est-ce que par hasard, tu n'aurais pas la même devise que notre Tonton Georges Brassens : « Bande à part, sacrebleu ! c'est ma règle et j'y tiens. » ?
Certes, certes... Mais, notre Tonton Georges ajoutait, avec raison, quelque chose qui te concerne plus que moi : « Le pluriel ne vaut rien à l'homme... ». Mais encore une fois, tout dépend de ce qu'on veut faire... Solipède, solitaire, oui, mais toujours solidaire... Quand c'est nécessaire. Cela dit,par exemple, si se rassembler à cent mille, là sur le champ, dans certaines circonstances, me paraît utile... Se rassembler à cent mille pour penser, là sur le champ, me paraît carrément imbécile. Mais si tu veux bien, reviens aux Jeux de Berlin.
Notre chanson se déroule en 1936. C'est l'année de l'apothéose d'Adolf, où le monde entier a les yeux braqués sur lui lors de l'inauguration des Jeux Olympiques de Berlin. Une apothéose offerte sur un plat d'or (comme ce sera plus tard le cas pour un championnat de foot à l'Argentine des militaires) à cet émérite pacifiste.
Mais enfin, si tu regardes bien, ces Jeux Olympiques furent une somptueuse prescience, une sorte de lumineux prélude à l'affrontement général des nations qui les suivra de peu, une sorte de répétition générale, de mise en train, de préparation – un peu comme dans une rixe, des adversaires s'encouragent de la voix, se stimulent avant d'en venir vraiment aux mains. Pour dire les choses autrement, on chauffait la colle.
Çà me rappelle les discours de Cassandre... Oui, mais la chanson dans tout çà, participe-t-elle à cette grand messe ?
Mais pas du tout... Elle s'intitule d'ailleurs « Les Jeux Olympiques de Sachsenhausen » et elle commence par rappeler le sort des Tziganes. En vue des Jeux Olympiques, on les avait tous raflés et parqués dans des camps. Un camp spécial, que comble de sadisme, on fera construire par les prisonniers eux-mêmes, leur sera dédié à Marsahn – toujours près de Berlin. Tu remarqueras qu'on commence souvent par s'en prendre aux Roms, aux Gitans et aux Tziganes, car ce sont les plus faibles... Les autres suivent ou suivront. Et on vient de voir de pareils comportements actuellement en Europe, qui – par ailleurs – se dit soucieuse des droits de l'homme... Et, à l'encontre des Roms, Tziganes, Gitans, Gens du voyage... certains pays sont plus énergiques que d'autres... et certains groupes bien plus vindicatifs.
Et pour la suite, dit Lucien l'âne... Je veux savoir la suite de la chanson...
La suite, elle, raconte les Jeux Olympiques à Sachsenhausen. Pareil qu'à Marsahn pour les Tziganes... On y meurt tout autant. Mais ce sont les « ennemis du peuple », les « rouges », les socialistes, les syndicalistes, les communistes, les anarchistes... Là aussi, ces « tourbiers » durent construire leur camp, un peu, comme on fait creuser sa tombe à un homme qu'on va assassiner. Ils sont appelés les « tourbiers », car ce sont des anciens d'Esterwegen, un autre camp où ils extrayaient la tourbe... Mais le régime a décidé de confier cette tâche « nationale », folkloriquement « nationale » à des chômeurs en mal de travail et peu enclins à contester le national-socialisme d'Adolf et Compagnie. Les « tourbiers » à Sachsenhausen et les chômeurs au camp de travail d'Esterwegen: d'une pierre deux coups et en avant la musique.
Décidément, dit Lucien l'âne en brontolant, je sais ce mot n'existait pas encore en français, mais maintenant, il y est. Il vient de l'italien « brontolare » qui signifie évidemment « brontoler », « émettre un bruit comme un grognement, un ronflement, un vrombissement ou le tout en même temps ». Donc, en brontolant Lucien l'âne dit, ce monde des humains est décidément bien étrange et d'une barbarie raffinée. Aussi, moi, je persiste à vouloir rester un âne et tout autant à vouloir, avec ton aide et celle de tous ceux qui voudront, je persiste à tisser le linceul de ce vieux monde acéphale, attristant, atterrant et cacochyme
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane