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Par la radio

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Par la radio


Canzone française – Par la radio – 1925 – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 24

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.


Cette fois, Lucien l'âne mon ami, la chanson du jour raconte l'année 1925, l'année de la Conférence et des accords de Locarno et du Traité de Londres, vue si l'on peut dire ainsi, par la radio. C'est en même temps, un peu, l'histoire de l'arrivée de la radio comme moyen de diffusion « grand public » et sa découverte par un enfant. On en est encore aux postes à galène, sorte de détecteur d'ondes à la portée variable. On en était aux débuts, tout restait encore à inventer dans le domaine radiophonique. Mais depuis presque un siècle et demi, le progrès est en marche et plus rien ne l'arrête. On n'a plus le temps de se retourner que voici déjà une nouvelle invention... Pour le meilleur ou le pire. Souvent le pire... On en a eu des exemples ici même dans ces histoires d'Allemagne...

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, je comprends bien à quoi tu fais allusion : le sous-marin, Berta, les gaaaaz... Ce sont là des tueurs redoutables... Mais enfin, on n'est pas une association de consommateurs que nous devions faire une étude comparative des mérites des uns et des autres. Dis-moi plutôt qui chante et ce qu'il ou elle raconte...

Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, j'avais commencé à te le dire... C'est une chanson dont le moteur est – pour une large part – la radiophonie à ses débuts. Et comme bien tu penses, la radio diffuse également des nouvelles et c'est par le truchement de la radio qu'écoute, comme Oskar jouera du tambour, c'est-à-dire avec constance et obstination, une jeune garçon, que l'on apprend les événements de l'année – du moins, certains. De même, il y a là une sorte de reportage – on dirait aujourd'hui une interview – où Stresemann, très libéral, qui fut chancelier et ministre des Affaires étrangères, dévoile ses intentions quant à l'avenir de l'Allemagne. Cette interview apocryphe est la transcription de qu'il avait lui-même écrit au Kronprinz, fils de l'ex- empereur. Tu remarqueras, mon ami Lucien l'âne, tu le remarqueras au fil des années, ces objectifs qu'il décrivait furent très exactement ceux mis en pratique par un de ses successeurs à la chancellerie : Adolf Hitler, lequel Hitler s'emparera de ce moyen qu'est la radio pour galvaniser les foules, les hypnotiser – un peu comme on fait (certains font...) maintenant en bien plus fort avec la télévision, les rallier à ses délires et les envoyer, in fine, au casse-pipe. Au passage, je te rappelle que cela va engendrer – si l'on peut ainsi dire – plusieurs dizaines de millions de cadavres. Lequel Hitler apparaît d'ailleurs à la fin de la chanson... à l'occasion de la première édition de son brûlot : « Mein Kampf » et comme dit la chanson : « Il déteste les Juifs, les Roms, les communistes ! Mais qui s'en soucie.... ».


Ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami, tout était déjà dit et même, écrit. Les objectifs nationalistes et expansionnistes fixés par Stresemann seront en effet ceux qui vont conditionner l'avenir de l'Allemagne et les corollaires racistes et fascistes définis par le caporal-peintre. On ne saurait ignorer pareille cohérence, pareille continuité... Ce qui m'inquiète d'ailleurs pour les temps présents et ceux de demain... Les mêmes soucis reviennent au jour : ce libéralisme, cette haine du socialisme, ces comportements pour le moins brutaux et racistes vis-à-vis des Roms, mais aussi vis-à-vis de tous ceux qui ne sont pas nés natifs... ou de la bonne couleur. Tout ceci m'incite, Marco valdo M.I. mon ami, moi qui suis un âne, à tisser (en ta compagnie) le linceul de ce vieux monde libéral, nationaliste, haineux et cacochyme.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Papa faisait le guignol, grand-mère contait
Grand-père grognon me disputait
Je cassais les oreilles aux gens, même aux enterrements
Bref, j’épuisais mes parents.
J'étais un pleurnichard
Je ne voyais rien d'autre à faire
Personne n'arrivait à me faire taire
Maman elle-même en avait marre
Tout simplement, je m'embête
Un jour, Papa m'a mis un casque sur la tête
La radio silésienne, la TSF m'a captivé,
J'étais muet et concentré
J'écoutais tout, tout, tout
Les aventures du géant Rübezahl, les cours de bourse
Les matches de foot et les reportages de courses
Avec mes oreillettes, les dames me trouvaient tout chou.

Par la radio, un monde est apparu
Du matin au soir et du soir au matin
Dans ma chambre, au salon, au jardin
Tout le temps et partout, je ne le quitte plus..

Ils avaient évacué la Ruhr, l’autre année déjà.
On parlait de Locarno et de réarmement
Convention par ci, convention par là
Pacte de stabilité et pacte rhénan
Traité de Londres et relents de guerre
Dans les émissions, claquetait la pluie
Et grondait le tonnerre
La fée des ondes enchantait ma vie
Dans le château écossais, une porte grinçait
Le cheval d’Ivanhoé hennissait à l'orée de la forêt.
Avec mes gros écouteurs
J'entendais tout et je baignais dans le bonheur
Stresemann exposait de belles ambitions
Retrouver notre place parmi les nations.
L'Allemagne a un grand avenir,
Et trois grands buts pour y parvenir

Par la radio, un monde est apparu
Du matin au soir et du soir au matin
Dans ma chambre, au salon, au jardin
Tout le temps et partout, je ne le quitte plus..



Un : se renforcer et surmonter les divisions.
Deux : ramener à la nation douze millions
D'Allemands encore sous le joug étranger
Trois : rectifier nos frontières, reprendre Dantzig et
Le corridor polonais et redessiner la haute Silésie.
Et puis, rattacher l'Autriche à la mère-patrie.
Libérer enfin la nation germanique
En attendant faire comme Metternich,
Finasser et se dérober aux décisions.
Bientôt on entrera à la Société des Nations
18 juillet 1925, on parle d'un livre curieux
Aux propos ravageurs, au contenu sulfureux
Mi-programme politique, mi-biographie
« Mein Kampf » d’un certain Adolf Hitler
Un peintre raté, caporal à la dernière guerre.
Il déteste les Juifs, les Roms, les communistes ! Mais qui s'en soucie....

Par la radio, un monde est apparu
Du matin au soir et du soir au matin
Dans ma chambre, au salon, au jardin
Tout le temps et partout, je ne le quitte plus..

envoyé par Marco Valdo M.I. - 5/3/2011 - 22:00




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