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La belle canonnière

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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La belle canonnière

Canzone française – La belle canonnière – 1905 – Marco Valdo M.I. – 2010
Histoires d'Allemagne 6
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

Bon voilà, Lucien l'âne mon ami, j'espère que tu te souviens des chansons de ton enfance ou alors, que tu as entendu des enfants chanter lors de tes séjours au long des côtes de France, cette chanson, cette comptine des plus célèbres où il est question d'un petit navire qui entreprit un long voyage... et qui relate toutes les aventures qui lui arrivèrent... Le premier couplet de notre canzone reprend d'ailleurs le premier couplet de la chanson traditionnelle... La canzone de ce jour reprend l'idée, le thème de cette chanson du folklore en l'adaptant au récit de Günter Grass pour l'année 1905. Ce récit relate l'histoire de l'expansionnisme colonial de Guillaume II en Amérique – qui a totalement foiré, et en Afrique où s'il eut une certaine réussite – souviens-toi du massacre des Hottentots et des Hereros, par exemple – fut un échec ridicule au Maroc. C'est en fait une illustration des tentatives impériales à l'échelle du monde. Sa présence en Chine est déjà connue dès la chanson intitulée L'été à Pékin.

Bien sûr que je la connais cette comptine... Veux-tu que je te la chante... Et bien sûr, que je me souviens de ces nattes de Chine sur la place Tienanmen où furent commis de grands crimes... Et que fait donc ce petit navire dans cette canzone ?

D'abord, je précise qu'il s'agit d'une canonnière et qu'elle s'appelle la Panthère, née à Dantzig en 1900, mise à l'eau en 1902. Tout un programme... Évidemment, elle fait un long voyage. Partie de Wilhelmshaven sur la Mer du Nord, elle reviendra à Kiel sur la Baltique après mille aventures en Amérique où elle ira couler un pirate, remonter l'Orénoque, faire la guerre au Vénézuela, bombarder le fort San Carlos, près de Maracaïbo, puis elle remonte au Canada, repart au Brésil, au Paraguay... Puis se rend en Afrique où elle va visiter les colonies allemandes, qu'on a un peu oubliées aujourd'hui. Toujours aux ordres, elle termine impromptu ce périple à Agadir, en 1911, une expédition de tous les dangers qui faillit déclencher prématurément la guerre entre l'Allemagne, d'un côté, la France et l'Angleterre, de l'autre. Un effet de la Weltpolitik un peu audacieuse et imprudente de Guillaume II, empereur d'Allemagne. Elle se verra refuser l'accès aux ports européens – sauf allemands, bien sûr et repartira pour un dernier périple avant d’être confinée à la Baltique.

En somme, on dirait qu'elle raconte à elle toute seule la politique mondiale de l'Empereur Guillaume II et la fin des ambitions coloniales de l'Allemagne – hors Europe, on se comprend.

En effet, elle incarne à elle toute seule le concept guerrier de « politique de la canonnière », dont on peut voir des descendants dans les raids aériens d'intimidation dont usent certains pays. En Allemagne, il faudra attendre le Reich de Mille Ans pour voir revenir à la surface une ambition plus folle encore que celle de Guillaume II. Il faut se méfier de ces gens qui ont des idées de Reich, d'Impero, d'Empire... ou qui se croient investis d'une mission de guider le monde.

Oui, certes, tu as raison... Cela me rappelle cette sentence du vieux philosophe : « À force de jouer aux cons, on finit toujours par gagner ». Alors, alors, afin de sortir de cet univers mortifère et liberticide, tissons Marco Valdo M.I. mon ami, le linceul de ce vieux monde ambitieux et cacochyme.

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Il était un petit navire,
Il était un petit navire,
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Ohé, ohé, matelot, matelot,
Navigue sur les flots
Ohé, ohé, matelot, matelot,
Navigue sur les flots

C'était une belle canonnière,
C'était une belle canonnière,
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui vînt au jour en mil neuf cent,
Et prit la mer à l'âge de deux ans, la belle enfant
Soeur de Jaguar et de Tiger
On l'appela Panthère
On lui donna un destin colonial
Pour servir le dessein impérial

Elle partit pour les Amériques
Elle partit pour les Amériques
Elle qui n'avait ja, ja, jamais tant navigué
Elle qui n'avait ja, ja, jamais tant navigué
Elle coule un pirate en Haïti
Elle coule un pirate en Haïti, mais oui, mais oui
Après un tour sur l'Orénoque et une guerre au Vénézuela
En mil neuf cent cinq, elle est toujours là
La belle Panthère au large de l'Amazonie,
Au large de l'Amazonie, mais oui, mais oui



Elle visita les colonies allemandes d'Afrique,
Pour raison de Weltpolitik,
Elle qui avait déjà tant, tant, tant navigué
Elle qui avait déjà tant, tant, tant navigué
L’Empereur Guillaume rendait visite au Bey
Sur un cheval blanc, il traversait Tanger
La foule admirait son casque à l'aigle
Qui rutilait fièrement au soleil du matin
Moi, je trouvais ridicule, moi, je trouvais ridicule
Ce casque à pointe sous le ciel marocain, sous le ciel marocain.


Six ans plus tard, la belle Panthère
Six ans plus tard, la belle Panthère
Elle qui avait déjà tant, tant, tant navigué
Elle qui avait déjà tant, tant, tant navigué
Vînt s'installer dans la baie d'Agadir
Et fit un peu de bruit avant de repartir.
Seul le casque impérial eut un effet durable
On en trouve encore des miniatures sur les tables.
La belle canonnière à son retour d'Afrique
Triste Panthère, finit sa vie dans la Baltique
Elle qui avait tant, tant, tant navigué
Elle qui avait tant, tant, tant navigué
Ohé, ohé...

envoyé par Marco Valdo M.I. - 10/1/2011 - 21:33




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