Je suis né dans un petit village
Qui a un nom pas du tout commun
Bien sûr entouré de bocages
C'est le village de St Martin
À peine j'ai cinq ans qu'on m'emmène
Avec ma mère et mes frangins
Mon père pense qu'y aura du turbin
Dans la ville où coule la Seine
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
La capitale c'est bien joli
Sûrement quand on la voit de Passy
Mais de Nanterre ou de Charenton
C'est déjà beaucoup moins folichon
J'ai pas de mal à imaginer
Par où mon père est passé
Car j'ai connu quinze ans plus tard
Le même tracas le même bazar
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Le matin faut aller piétiner
Devant les guichets de la main d’œuvre
L'après-midi solliciter le cœur
Des punaises des bonnes œuvres
Ma mère elle était toute paumée
Sans ses lapins et ses couvées
Et puis pour voir essayez donc
Sans fric de remplir cinq lardons
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Pour parfaire mon éducation
Il y a la communale en béton
Là on fait de la pédagogie
Devant soixante mômes en furie
En plus de l'alphabet du calcul
J'ai pris beaucoup de coups de pied au cul
Et sans qu'on me l'ait demandé
J'appris l'arabe et le portugais
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
À quinze ans finie la belle vie
T'es plus un môme t'es plus un petit
Je me retrouve les deux mains dans le pétrole
À frotter des pièces de bagnoles
Neuf dix heures dans un atelier
Ça vous épanoui la jeunesse
Ça vous arrange même la santé
Pour le monde on a de la tendresse
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
C'est pas fini...
(Pour la suite – voir Tranche de vie – 2ième partie.)
Tranche de vie (2ième)
François Béranger (1969)
Quand on en a un peu la dedans
On y reste pas bien longtemps
On s'arrange tout naturellement
Pour faire des trucs moins fatigants
Je me faufile dans une méchante bande
Qui voyoute la nuit sur la lande
J'apprends des chansons de Bruant
En faisant des croches-pattes aux agents
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Bien sûr la maison Poulaga
M'agrippe à mon premier faux-pas
Ça tombe bien mon pote t'as de la veine
Faut du monde pour le F.L.N.
Je me farcis trois ans de casse-pipe
Aurès, Kabylie, Mitidja
Y a de quoi prendre toute l'Afrique en grippe
Mais faut servir le pays ou pas
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Quand on me relâche je suis vidé
Je suis comme un petit sac en papier
Y a plus rien dedans tout est cassé
J'ai même plus envie d'une mémé
Quand j'ai cru que j'allais me réveiller
Les flics m'ont vachement tabassé
Faut dire que je m'étais amusé
À leur balancer des pavés
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Les flics pour ce qui est de la monnaie
Ils la rendent avec intérêts
Le crâne le ventre et les roustons
Enfin quoi : vive la nation !
Le juge m'a filé trois ans de caisse
Rapport à mes antécédents
Moi je peux pas dire que je sois en liesse
Mais enfin qu'est-ce que c'est que trois ans
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
En taule, je vais pouvoir m'épanouir
Dans une société structurée
Je ferai des chaussons et des balais
Et je pourrai me remettre à lire
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Qui a un nom pas du tout commun
Bien sûr entouré de bocages
C'est le village de St Martin
À peine j'ai cinq ans qu'on m'emmène
Avec ma mère et mes frangins
Mon père pense qu'y aura du turbin
Dans la ville où coule la Seine
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
La capitale c'est bien joli
Sûrement quand on la voit de Passy
Mais de Nanterre ou de Charenton
C'est déjà beaucoup moins folichon
J'ai pas de mal à imaginer
Par où mon père est passé
Car j'ai connu quinze ans plus tard
Le même tracas le même bazar
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Le matin faut aller piétiner
Devant les guichets de la main d’œuvre
L'après-midi solliciter le cœur
Des punaises des bonnes œuvres
Ma mère elle était toute paumée
Sans ses lapins et ses couvées
Et puis pour voir essayez donc
Sans fric de remplir cinq lardons
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Pour parfaire mon éducation
Il y a la communale en béton
Là on fait de la pédagogie
Devant soixante mômes en furie
En plus de l'alphabet du calcul
J'ai pris beaucoup de coups de pied au cul
Et sans qu'on me l'ait demandé
J'appris l'arabe et le portugais
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
À quinze ans finie la belle vie
T'es plus un môme t'es plus un petit
Je me retrouve les deux mains dans le pétrole
À frotter des pièces de bagnoles
Neuf dix heures dans un atelier
Ça vous épanoui la jeunesse
Ça vous arrange même la santé
Pour le monde on a de la tendresse
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
C'est pas fini...
(Pour la suite – voir Tranche de vie – 2ième partie.)
Tranche de vie (2ième)
François Béranger (1969)
Quand on en a un peu la dedans
On y reste pas bien longtemps
On s'arrange tout naturellement
Pour faire des trucs moins fatigants
Je me faufile dans une méchante bande
Qui voyoute la nuit sur la lande
J'apprends des chansons de Bruant
En faisant des croches-pattes aux agents
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Bien sûr la maison Poulaga
M'agrippe à mon premier faux-pas
Ça tombe bien mon pote t'as de la veine
Faut du monde pour le F.L.N.
Je me farcis trois ans de casse-pipe
Aurès, Kabylie, Mitidja
Y a de quoi prendre toute l'Afrique en grippe
Mais faut servir le pays ou pas
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Quand on me relâche je suis vidé
Je suis comme un petit sac en papier
Y a plus rien dedans tout est cassé
J'ai même plus envie d'une mémé
Quand j'ai cru que j'allais me réveiller
Les flics m'ont vachement tabassé
Faut dire que je m'étais amusé
À leur balancer des pavés
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
Les flics pour ce qui est de la monnaie
Ils la rendent avec intérêts
Le crâne le ventre et les roustons
Enfin quoi : vive la nation !
Le juge m'a filé trois ans de caisse
Rapport à mes antécédents
Moi je peux pas dire que je sois en liesse
Mais enfin qu'est-ce que c'est que trois ans
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
En taule, je vais pouvoir m'épanouir
Dans une société structurée
Je ferai des chaussons et des balais
Et je pourrai me remettre à lire
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
J'en suis encore à me demander
Après tant et tant d'années
À quoi ça sert de vivre et tout
À quoi ça sert en bref d'être né
inviata da Marco Valdo M.I. - 11/10/2010 - 14:17
Bonjour, Tranche de Vie, c'est ma chanson fétiche. C'est même ma sonnerie de téléphone...
Je m'étais cassé la cheville au Rugby en 69, j'étais immobilisé chez mes parents et j'avais entendu cette chanson sur Europe 1 tard le soir. Un animateur la passait tous les soirs très tard et j'attendais ça chaque jours car je la trouvais formidable.
J'ai bien sûr aimé d'autres chansons de Beranger mais celle-la reste un monument pour moi.
Nous soirées de Rugby, après les paillardes, se terminaient toujours par cette chanson que j'avais faite découvrir à mes copains.
voilà mon histoire avec cette chanson.
Je m'étais cassé la cheville au Rugby en 69, j'étais immobilisé chez mes parents et j'avais entendu cette chanson sur Europe 1 tard le soir. Un animateur la passait tous les soirs très tard et j'attendais ça chaque jours car je la trouvais formidable.
J'ai bien sûr aimé d'autres chansons de Beranger mais celle-la reste un monument pour moi.
Nous soirées de Rugby, après les paillardes, se terminaient toujours par cette chanson que j'avais faite découvrir à mes copains.
voilà mon histoire avec cette chanson.
Zwobada Laurent - 18/9/2023 - 18:26
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Paroles et musique: François Béranger, 1969
Qui a un nom pas du tout commun
Bien sûr entouré de bocages
C'est le village de St Martin »
François Béranger déboulait dans le paysage de la chanson française; depuis, je n'ai plus pu oublier le village de Saint-Martin, ni les bocages qui l'entourent. Je n'ai pas pu oublier le reste non plus : la Communale, les coups de pied au cul, la Régie et sa chaîne destructrice, la maison Poulaga (celle où on élève les poulets...), les Aurès, la guerre d'Algérie, le tabassage et la taule. Tranches de vie... Pour la commodité, j'ai regroupé les deux parties, même si on les rpésente généralement séparées... En fait, c'est la même chanson.
Voilà, pour le reste, je renvoie à un excellent mémorial à François Béranger
Depuis, depuis, on n'a plus entendu pareil chanteur, pareille dégaine... peut-être existent-ils, mais alors, on s'arrange bien pour qu'ils soient eux-aussi enterrés vivants. En fait, il y en a peut-être encore.
Je l'ai connu moi aussi, le François, un chouette gars en plus, dit Lucien l’âne. Lui, comme toi d'ailleurs, il ne m'a jamais lancé de coup de pied ou de bâton. Normal, il était né du bon côté et il y est resté jusqu'à ce qu'un crabe mal léché ne vienne lui barboter sa vie. Moi, ce dont je me souviens aussi, c'est que dès les Tranches de Vie, il a fait ce qu'il fallait. Crois-moi, il traçait sa route avec la rage au cœur contre tous ces peigne-culs qui encensent le système ou qui le défendent à coups de matraques, de publicités idiotes, de mensonges calibrés, d'informations tronquées, de paroles lénifiantes, de discours vantant une cohésion sociale qui n'est que soumission , acceptation et collaboration.
Tu as raison, Lucien l'âne mon ami, François Béranger a lutté toute sa vie dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de renforcer l'exploitation, d'accroître leurs privilèges et de gonfler leurs richesses. François Béranger mérite bien le nom de Tisserand du Linceul de ce vieux monde méprisant et cacochyme. Es-tu d'accord qu'on lui décerne ?
Oui, évidemment ! , dit Lucien l'âne en dressant brusquement ses oreilles comme lui seul sait le faire.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.