Giorgio Gaber: Al bar Casablanca
GLI EXTRA DELLE CCG / AWS EXTRAS / LES EXTRAS DES CCGLangue: italien
Al bar Casablanca
seduti all’aperto
una birra gelata
guardiamo le donne
guardiamo la gente
che va in passeggiata
con aria un po’ stanca
camicia slacciata
in mano un maglione
parliamo parliamo di proletariato
di rivoluzione.
Al bar Casablanca
con una gauloise
la nikon, gli occhiali
e sopra una sedia
i titoli rossi dei nostri giornali
blue jeans scoloriti
la barba sporcata da un po’ di gelato
parliamo, parliamo di rivoluzione
di proletariato.
L’importante e che l’operaio prenda coscienza. Per esempio i comitati unitari di base… guarda gli operai di Pavia e di Vigevano non hanno mica permesso che la politica sindacale realizzasse i suoi obiettivi, hanno reagito, hanno preso l’iniziativa! Non è che noi dobbiamo essere la testa degli operai. Sono loro che devono fare, loro, noi…
Al bar Casablanca
seduti all’aperto
la nikon gli occhiali
e sopra una sedia i titoli rossi
dei nostri giornali
blue jeans scoloriti
la barba sporcata da un po’ di gelato
Parliamo, parliamo di rivoluzione, di proletariato…
seduti all’aperto
una birra gelata
guardiamo le donne
guardiamo la gente
che va in passeggiata
con aria un po’ stanca
camicia slacciata
in mano un maglione
parliamo parliamo di proletariato
di rivoluzione.
Al bar Casablanca
con una gauloise
la nikon, gli occhiali
e sopra una sedia
i titoli rossi dei nostri giornali
blue jeans scoloriti
la barba sporcata da un po’ di gelato
parliamo, parliamo di rivoluzione
di proletariato.
L’importante e che l’operaio prenda coscienza. Per esempio i comitati unitari di base… guarda gli operai di Pavia e di Vigevano non hanno mica permesso che la politica sindacale realizzasse i suoi obiettivi, hanno reagito, hanno preso l’iniziativa! Non è che noi dobbiamo essere la testa degli operai. Sono loro che devono fare, loro, noi…
Al bar Casablanca
seduti all’aperto
la nikon gli occhiali
e sopra una sedia i titoli rossi
dei nostri giornali
blue jeans scoloriti
la barba sporcata da un po’ di gelato
Parliamo, parliamo di rivoluzione, di proletariato…
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/10/2010 - 15:27
Langue: français
Version française - AU BAR CASABLANCA – Marco Valdo M.I. – 2010
Chanson italienne – Al bar Casablanca – Giorgio Gaber – 1972
Chanson italienne – Al bar Casablanca – Giorgio Gaber – 1972
Ah, Lucien l'âne mon ami, voici une chouette chanson de Gaber. Tu sais que je traduis les chansons italiennes vers le français pour diverses raisons. La première de toutes ces raisons, c'est qu'il me faut comprendre et pour comprendre, il me faut traduire. Au début, je traduisais des livres. C'était passionnant – faut dire que je traduisais Carlo Levi, Giuseppe Dessì, Ugo Dessì, Antonio Tabucchi et bien d'autres et uniquement, comme une forme de lecture plus attentive, plus lente, plus approfondie aussi. Mais depuis deux ans, je traduis essentiellement des chansons et accessoirement, j'en écris.
Je m'en étais rendu compte, dit Lucien l'âne en riant de tout son piano. Et j'en ai vu passer des chansons que tu as traduite. C'est normal, je dois les relire tes traductions. Je crois bien qu'il y en a plusieurs centaines. J'en ai écrites aussi quelques-unes... Mais, ce que je n'arrive pas à bien discerner, c'est le pourquoi de ce choix un peu particulier.
Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, les chansons sont plus courtes que les romans et leur brièveté (qui peut être relative) permet de connaître beaucoup d'auteurs différents, beaucoup de sujets différents, beaucoup d'idées (oh, le vilain mot !) différentes et ce n'est pas le moindre intérêt pour un traducteur amateur dans mon genre, les chansons permettent en raison de leur lien avec le réel immédiat et de leur contemporanéité d’étendre et les sujets traités et le vocabulaire employé... D'autant qu'avec tous ces italiens régionaux, ces langues régionales, le champ s'étend encore.
J'apprécie et je vois bien tes soucis de linguiste amateur, mais tu ne m'as rien dit d'autres raisons de traduire...
L'autre raison, qu'on pourrait qualifier de principale, c'est que dans l’Italie contemporaine, celle du Loup de Rome et des son emprise sur les médias, la chanson – enfin, celle qui compte, celle qui ne passe pas sous les fourches caudines des télévisions; bref, celle qui chante dans les rues, celle qui se colporte de place en place, celle des tréteaux et des petites salles, celle du grand air, celle du vent, devient un des lieux – un des seuls lieux – où souffle un vent de liberté, un peu de pensée, un air salubre. Et le « modèle » italien – en clair le « fascisme », qui a déjà coûté si cher dans le passé aux populations d'Europe et au-delà, a muté, on en est au médiafascisme, au fascisme souriant et cauteleux, mais la bête immonde , ainsi camouflée, ronge l'Italie et a déjà passé les Alpes... Son rictus funèbre ternit le paysage européen. Il faut trouver le moyen de l'abattre avant qu'elle ne nous étouffe tous. Ainsi, la chanson de Gaber est elle aussi d'une certaine manière un avertissement. On peut toujours discuter aux terrasses des bistrots ou des bars, mais pendant ce temps-là la bête mi-caïman, mi-pieuvre continue d'avancer.
Il avait bien raison, dit Lucien l'âne, celui-là qui écrivit en termes lapidaires : Ora e sempre : Resistenza! Quant à nous, continuons notre tâche à l'ombre de la traduction : tissons, veux-tu, Marco Valdo M.I. mon ami, le linceul de ce vieux monde libidineux et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je m'en étais rendu compte, dit Lucien l'âne en riant de tout son piano. Et j'en ai vu passer des chansons que tu as traduite. C'est normal, je dois les relire tes traductions. Je crois bien qu'il y en a plusieurs centaines. J'en ai écrites aussi quelques-unes... Mais, ce que je n'arrive pas à bien discerner, c'est le pourquoi de ce choix un peu particulier.
Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, les chansons sont plus courtes que les romans et leur brièveté (qui peut être relative) permet de connaître beaucoup d'auteurs différents, beaucoup de sujets différents, beaucoup d'idées (oh, le vilain mot !) différentes et ce n'est pas le moindre intérêt pour un traducteur amateur dans mon genre, les chansons permettent en raison de leur lien avec le réel immédiat et de leur contemporanéité d’étendre et les sujets traités et le vocabulaire employé... D'autant qu'avec tous ces italiens régionaux, ces langues régionales, le champ s'étend encore.
J'apprécie et je vois bien tes soucis de linguiste amateur, mais tu ne m'as rien dit d'autres raisons de traduire...
L'autre raison, qu'on pourrait qualifier de principale, c'est que dans l’Italie contemporaine, celle du Loup de Rome et des son emprise sur les médias, la chanson – enfin, celle qui compte, celle qui ne passe pas sous les fourches caudines des télévisions; bref, celle qui chante dans les rues, celle qui se colporte de place en place, celle des tréteaux et des petites salles, celle du grand air, celle du vent, devient un des lieux – un des seuls lieux – où souffle un vent de liberté, un peu de pensée, un air salubre. Et le « modèle » italien – en clair le « fascisme », qui a déjà coûté si cher dans le passé aux populations d'Europe et au-delà, a muté, on en est au médiafascisme, au fascisme souriant et cauteleux, mais la bête immonde , ainsi camouflée, ronge l'Italie et a déjà passé les Alpes... Son rictus funèbre ternit le paysage européen. Il faut trouver le moyen de l'abattre avant qu'elle ne nous étouffe tous. Ainsi, la chanson de Gaber est elle aussi d'une certaine manière un avertissement. On peut toujours discuter aux terrasses des bistrots ou des bars, mais pendant ce temps-là la bête mi-caïman, mi-pieuvre continue d'avancer.
Il avait bien raison, dit Lucien l'âne, celui-là qui écrivit en termes lapidaires : Ora e sempre : Resistenza! Quant à nous, continuons notre tâche à l'ombre de la traduction : tissons, veux-tu, Marco Valdo M.I. mon ami, le linceul de ce vieux monde libidineux et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
AU BAR CASABLANCA
Au bar Casablanca
Assis à l'extérieur
Une bière glacée
Nous regardons les femmes
Nous regardons les gens
Avec un air un peu las
Chemise ouverte
Le pull à la main
Nous parlons, nous parlons de prolétariat
De révolution.
Au bar Casablanca
Avec une Gauloise
Notre Nikon, nos lunettes
Et sur la chaise
Le titre rouge de nos journaux
Nos jeans décolorés
Notre barbe maculée d'un peu de glace
Nous parlons, nous parlons de révolution
De prolétariat
L'important est que l'ouvrier prenne conscience. Par exemple, les comités unitaires de base... Regarde les ouvriers de Pavie et de Vigevano n'ont même pas attendu que la politique syndicale réalise ses objectifs, ils ont réagi, ils ont pris l'initiative ! Nous, ce n'est pas que nous devons prendre la tête des ouvriers. C'est à eux de faire, nous...
Au bar Casablanca
Assis à l'extérieur
une bière glacée
Nous regardons les femmes
Nous regardons les gens
Avec un air un peu las
Chemise ouverte
Le pull à la main
Nous parlons, nous parlons de prolétariat
De révolution.
Au bar Casablanca
Assis à l'extérieur
Une bière glacée
Nous regardons les femmes
Nous regardons les gens
Avec un air un peu las
Chemise ouverte
Le pull à la main
Nous parlons, nous parlons de prolétariat
De révolution.
Au bar Casablanca
Avec une Gauloise
Notre Nikon, nos lunettes
Et sur la chaise
Le titre rouge de nos journaux
Nos jeans décolorés
Notre barbe maculée d'un peu de glace
Nous parlons, nous parlons de révolution
De prolétariat
L'important est que l'ouvrier prenne conscience. Par exemple, les comités unitaires de base... Regarde les ouvriers de Pavie et de Vigevano n'ont même pas attendu que la politique syndicale réalise ses objectifs, ils ont réagi, ils ont pris l'initiative ! Nous, ce n'est pas que nous devons prendre la tête des ouvriers. C'est à eux de faire, nous...
Au bar Casablanca
Assis à l'extérieur
une bière glacée
Nous regardons les femmes
Nous regardons les gens
Avec un air un peu las
Chemise ouverte
Le pull à la main
Nous parlons, nous parlons de prolétariat
De révolution.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 1/10/2010 - 15:30
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Giorgio Gaber - Luporini, 1972