En un lieu maintenant familier
Je tourne le dos dans un lit,
Aux épais draps de coutil
Tissés sur de vieux métiers.
Je sens la dureté des draps rustiques.
À part moi, il n'y a personne dans la maison,
Épisode étrange, songe fantasmagorique.
Sans doute, pas loin, dans les environs,
Sans doute, il y a des amis sûrs, à proximité
Au besoin, je peux les appeler.
Je pourrais me lever
Avec eux, sur la terrasse, prendre le café
Ou, sous l'acacia dans le jardin
Lire un journal, parler de tout et de rien.
Faire quelques pas en compagnie
Tranquillement laisser couler la vie.
Je me retourne; revoici ma réalité
Plus d'amis sûrs à proximité.
Dehors, le temps reste pluvieux
Obstinément pluvieux et en plus
Je suis malade, je suis fiévreux
Je sais : c'est le Cholera Morbus.
Comme il est venu, il est passé.
Le Morbus n'est plus présent :
Il s'est enfui dans le temps,
Il s'est perdu dans le passé.
Déjà, je suis guéri.
Sonnerie lointaine : je ne sais si ce réveil
Suit d'une heure ou d'une minute, le sommeil,
Ou de vingt jours ou de mille nuits.
Dans cette cellule entre ses barreaux ouverte,
Dans la lumière du matin qui descend en faisceaux des fenêtres.
J'entrevois, dehors, les arbres et les ombres vertes.
Et malgré tout, pour un instant, une bouffée de bien-être.
Je tourne le dos dans un lit,
Aux épais draps de coutil
Tissés sur de vieux métiers.
Je sens la dureté des draps rustiques.
À part moi, il n'y a personne dans la maison,
Épisode étrange, songe fantasmagorique.
Sans doute, pas loin, dans les environs,
Sans doute, il y a des amis sûrs, à proximité
Au besoin, je peux les appeler.
Je pourrais me lever
Avec eux, sur la terrasse, prendre le café
Ou, sous l'acacia dans le jardin
Lire un journal, parler de tout et de rien.
Faire quelques pas en compagnie
Tranquillement laisser couler la vie.
Je me retourne; revoici ma réalité
Plus d'amis sûrs à proximité.
Dehors, le temps reste pluvieux
Obstinément pluvieux et en plus
Je suis malade, je suis fiévreux
Je sais : c'est le Cholera Morbus.
Comme il est venu, il est passé.
Le Morbus n'est plus présent :
Il s'est enfui dans le temps,
Il s'est perdu dans le passé.
Déjà, je suis guéri.
Sonnerie lointaine : je ne sais si ce réveil
Suit d'une heure ou d'une minute, le sommeil,
Ou de vingt jours ou de mille nuits.
Dans cette cellule entre ses barreaux ouverte,
Dans la lumière du matin qui descend en faisceaux des fenêtres.
J'entrevois, dehors, les arbres et les ombres vertes.
Et malgré tout, pour un instant, une bouffée de bien-être.
inviata da Marco Valdo M.I. - 10/3/2010 - 17:25
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Matin cholérique – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 96
Matin cholérique est la nonante-sixième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Encore une fois, mon ami Marco Valdo M.I., je trouve le titre de la canzone bien étrange. Mais il doit bien avoir à voir avec son contenu. Laisse-moi deviner... Comme il s'agit d'une canzone léviane, qu'elle fait partie du cycle du Cahier ligné, dès lors, il s'agit d'un moment de la méditation de notre ami le prisonnier-blessé. Ce moment est clairement dit : c'est le matin. Où je comprends moins bien, c'est cet adjectif qui s'y accole : cholérique. Il ne s'agit évidemment pas de la colère, mais du choléra, cette maladie souvent mortelle et en tous cas, porteuse de fièvres terribles.
Eh bien, Lucien l'âne mon ami, c'est exactement çà. Ton raisonnement est parfait. Mais comme tout est nébuleux dans ces réveils matinaux, on ne sait trop si ce choléra est réel, je veux dire s'il sévit, s'il est en cours à ce moment ou si c'est un souvenir ancien qui vient se superposer à la semi-réalité du songe, ou si plus simplement encore, c'est une façon d'évoquer la situation morale ou psychologique, le ressenti, la sensation, le sentiment du prisonnier à son entre chiens et loups du matin, ce moment où l'on se décoiffe des rêves et des songes et même des cauchemars, bref où l'on sort de la nuit pour rejoindre le jour.
C'est, en effet, en prison, un moment de reprise de conscience et il ne doit pas être agréable à vivre. Jour après jour et comme à l'infini.
Tu as raison, Lucien mon ami l'âne, pour le prisonnier la nuit et mieux encore, le sommeil sont empreints de douceur. Pas toujours cependant. On tourne et retourne en ce lieu clos. Même endormi, la pression des murs se fait sentir. Le seul point de fuite qui ouvre encore l'horizon est intérieur, dans ce dernier refuge de l'exil humain qu'est la conscience, la pensée, le vrai chez soi, l'ultime forteresse, l'ultime passage vers l'air libre quand on arrive à créer le monde intérieur, l'inexpugnable monde intérieur où tous les voyages et toutes les fantaisies et tous les repos et tous les bonheurs sont permis à qui sait y faire.
Et, dit Lucien l'âne les oreilles tirées vers l'arrière d'épouvante, si l'on ne sait pas y faire....
Ceux-là bien souvent quittent le monde des vivants....
Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.