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Comme une cigarette

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Comme une Cigarette

Comme une Cigarette – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 91

Comme une Cigarette est la nonante et unième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Depuis la fin des hostilités, lorsqu'en 1918, après Caporetto, Verdun, la Somme, l'Yzer et autres Piaves, les belligérants s'étaient dit avant de rentrer chez eux – lucides – « À la prochaine ! », est né le divin enfant : le célèbrissime « Soldat Inconnu ». Il n'y a pas plus connu que le soldat inconnu. Un soldat créé tout exprès pour la cause patriotique, un soldat choisi au hasard dans un gigantesque tas de cadavres...

Et , commente Lucien l'âne qui avait vu la guerre de Troie, vu le nombre de soldats inconnus accumulés en ce temps-là, il a dû y en avoir des veuves du soldat inconnu.

Passons, dit Marco Valdo M.I. en le coupant sèchement, l'heure n'est pas à la gaudriole. D'autres s'y complaisent. Ici, on parlera du simple soldat inconnu, n'importe lequel de ces poilus disparus sous les hontes européennes, everyman, elkerlijk... l'incarnation par millions de l'homme des champs et de la rue perdu dans la tranchée.
Tout ce tas de morts réduit à une petite flamme... Voilà ce que raconte la canzone et le souvenir de notre guerrier-prisonnier-blessé, soldat inconnu lui aussi, guetté par son vautour. D'un côté, les morts; de l'autre, les ganaches. Avec sa flamme, comme l'enfant d'Auschwitz de Guccini, le soldat inconnu (ces millions de cadavres de paysans, d'hommes de la rue) « S'envole en fumée iridescente
Comme une cigarette. » Note bien ceci, Lucien mon ami, que parlant du soldat inconnu, la canzone parle en même temps de tous les autres soldats inconnus, un à un :
« Mort et remort dans les champs
Rongé par les insectes par les rats par les chiens errants. »

Et quelle dérision, dit Lucien Lane, finir ainsi : « Comme une cigarette... »


Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Sans tambour, ni trompette
Mégot aujourd'hui oublié
Dans un monde trop pressé
Comme une cigarette
Le pauvre poilu
Toujours plus inconnu,
Flamme tremblante
S'envole en fumée iridescente
Une autre réalité se détache
Hitler, gestes et moustaches.
Le soir avec les soldats
Mariposa ou rata vôloira
La nuit passe à lire
Dans l'attente de mourir.
Vague commémoration,
Uniformes, médailles, trompette et clairon
Héros de plumes et de panaches,
Drapeaux, vivats, guerriers, ganaches
Journées radieuses, joyeuses fanfares,
La Piave murmurait. Seul dans le noir.
Moment épique extravagant,
Sur une poule de rencontre, un coq stationne un instant
Patrie, Gloire et Victoire,
Chants patriotiques et baptême de l'Histoire
Mort et remort dans les champs
Rongé par les insectes par les rats par les chiens errants
Le pauvre poilu
Toujours plus inconnu,
Flamme tremblante
Idole parfaite
S'envole en fumée iridescente
Comme une cigarette.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 22/2/2010 - 21:45




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