Das ist nun ein Dutzend Jahre her,
da war er unser Sergeant.
Wir lernten bei ihm: "Präsentiert das Gewehr!"
Wenn einer umfiel, lachte er
und spuckte vor ihm in den Sand.
"Die Knie beugt!" war sein liebster Satz.
Den schrie er gleich zweihundert mal.
Da standen wir dann auf dem öden Platz
und beugten die Knie wie die Goliaths
und lernten den Haß pauschal.
Und wer schon auf allen Vieren kroch,
dem riß er die Jacke auf
und brüllte: "Du Luder, du frierst ja noch!"
Und weiter gings. Man machte noch
in Jugend Ausverkauf.
Er hat mich zum Spaß durch den Sand gehetzt
und hinterher lauernd gefragt:
"Wenn du nun meinen Revolver hätt’st -
brächst du mich um, gleich hier und gleich jetzt?"
Da hab’ ich ‘Ja’ gesagt!
Wer ihn gekannt hat, vergißt ihn nie.
Den legt man sich auf Eis!
Er war ein Tier. Und er spie und schrie.
Und Sergeant Waurich hieß das Vieh,
damit es jeder weiß.
Der Mann hat mir das Herz versaut.
Das wird ihm nie verziehn.
Es sticht und schmerzt und hämmert laut.
Und wenn mir nachts vor’m Schlafen graut,
dann denke ich an ihn.
da war er unser Sergeant.
Wir lernten bei ihm: "Präsentiert das Gewehr!"
Wenn einer umfiel, lachte er
und spuckte vor ihm in den Sand.
"Die Knie beugt!" war sein liebster Satz.
Den schrie er gleich zweihundert mal.
Da standen wir dann auf dem öden Platz
und beugten die Knie wie die Goliaths
und lernten den Haß pauschal.
Und wer schon auf allen Vieren kroch,
dem riß er die Jacke auf
und brüllte: "Du Luder, du frierst ja noch!"
Und weiter gings. Man machte noch
in Jugend Ausverkauf.
Er hat mich zum Spaß durch den Sand gehetzt
und hinterher lauernd gefragt:
"Wenn du nun meinen Revolver hätt’st -
brächst du mich um, gleich hier und gleich jetzt?"
Da hab’ ich ‘Ja’ gesagt!
Wer ihn gekannt hat, vergißt ihn nie.
Den legt man sich auf Eis!
Er war ein Tier. Und er spie und schrie.
Und Sergeant Waurich hieß das Vieh,
damit es jeder weiß.
Der Mann hat mir das Herz versaut.
Das wird ihm nie verziehn.
Es sticht und schmerzt und hämmert laut.
Und wenn mir nachts vor’m Schlafen graut,
dann denke ich an ihn.
envoyé par Riccardo Venturi - 17/5/2005 - 01:19
Langue: italien
Versione italiana di Riccardo Venturi
18 maggio 2005
18 maggio 2005
IL SERGENTE WAURICH
Fa ora una dozzina d'anni
che era il nostro sergente.
Abbiamo imparato da lui il "Presentat'arm!"
e quando uno cadeva sfinito, lui rideva
e gli sputava davanti, nella sabbia.
"Giù le ginocchia!", era la sua frase preferita.
La gridava anche duecento volte.
Allora stavamo nella spoglia piazza d'armi
e piegavamo le ginocchia come dei Golia
ed imparavamo l'odio poco a poco.
E a chi s'azzardava a strisciare carponi
lui gli strappava via la giacca
e urlava: "Carogna, ora vedi che freddo ti fa!"
e così andava sempre. Della gioventù
si faceva svendita.
Per divertimento, mi inseguiva sulla sabbia
e mi chiedeva alle spalle, appostato:
"Se tu avessi la mia pistola
mi faresti fuori, proprio qui e ora?"
Allora ho risposto "sì"!
Chi lo ha conosciuto, non lo dimentica.
E' come mettere i ricordi in frigo!
Era una bestia. Sputava e gridava.
Quella bestia si chiamava sergente Waurich,
perché tutti lo sappiano.
Quell'uomo mi ha rovinato la vita.
Non glielo perdonerò mai.
Punge, fa male, martella forte.
E quando la notte ho paura di dormire,
allora penso a lui.
Fa ora una dozzina d'anni
che era il nostro sergente.
Abbiamo imparato da lui il "Presentat'arm!"
e quando uno cadeva sfinito, lui rideva
e gli sputava davanti, nella sabbia.
"Giù le ginocchia!", era la sua frase preferita.
La gridava anche duecento volte.
Allora stavamo nella spoglia piazza d'armi
e piegavamo le ginocchia come dei Golia
ed imparavamo l'odio poco a poco.
E a chi s'azzardava a strisciare carponi
lui gli strappava via la giacca
e urlava: "Carogna, ora vedi che freddo ti fa!"
e così andava sempre. Della gioventù
si faceva svendita.
Per divertimento, mi inseguiva sulla sabbia
e mi chiedeva alle spalle, appostato:
"Se tu avessi la mia pistola
mi faresti fuori, proprio qui e ora?"
Allora ho risposto "sì"!
Chi lo ha conosciuto, non lo dimentica.
E' come mettere i ricordi in frigo!
Era una bestia. Sputava e gridava.
Quella bestia si chiamava sergente Waurich,
perché tutti lo sappiano.
Quell'uomo mi ha rovinato la vita.
Non glielo perdonerò mai.
Punge, fa male, martella forte.
E quando la notte ho paura di dormire,
allora penso a lui.
Langue: français
Version française – SERGENT BRAILLARD – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande - Sergeant Waurich – Erich Kästner – 1930
aus: "Was nicht in Euren Lesebüchern steht" von und mit Holger Münzer
Texte: 1930 Sergeant Waurich (Laerm im Spiegel)
Musique : Hans Eisler – 1966
Adaptation: Holger Münzer (1972)
Interprétation: Holger Münzer (1976)
Chanson allemande - Sergeant Waurich – Erich Kästner – 1930
aus: "Was nicht in Euren Lesebüchern steht" von und mit Holger Münzer
Texte: 1930 Sergeant Waurich (Laerm im Spiegel)
Musique : Hans Eisler – 1966
Adaptation: Holger Münzer (1972)
Interprétation: Holger Münzer (1976)
Ah, Lucien l'âne mon ami, voici une chanson d'Erich Kästner. Comme telle, elle vient de loi… De l'an 1930. Et ce n'est pas sans intérêt de connaître la date de sa création, surtout si on la met en relation avec le titre de la canzone et certains des éléments qu'elle contient.
Écoute, Marco Valdo M.I. mon ami, une chanson d'Erich Kästner ne me laisse jamais indifférent. C'est vraiment un très grand monsieur, un vrai poète, un superbe romancier, un non moins extraordinaire chroniqueur et un journaliste comme on n'en trouve que rarement.
Mon ami Lucien l'âne, tu ne peux pas savoir combien tes propos me comblent. Tout ce que tu dis de Kästner est rigoureusement exact. Dès lors, a priori, cette canzone est d'un grand intérêt pour les Chansons contre la Guerre. Ensuite, elle raconte l'histoire d'un sergent nul, brutal, idiot, sadique ; ce qui en fait un texte anti-militariste et même, anti-militaire. Mais elle est bien plus que ça… Et là, intervient la question de la date et du grade de l'individu dénommé ici : Sergent Braillard. Je t'ai dit : écrite en 1930. Enlève « une douzaine d'années » ; on est en 1917-18. Donc, un gars qui était sergent à cette époque. Un de ces militaires, casques d'acier… des corps francs.
Ne serait-ce pas certain gueulard moustachu ?, dit Lucien l'âne en clignant de l'oeil.
Certes, dit Marco Valdo M.I. en souriant, je vois bien que tu penses à quelqu'un d'autre, dont ce pourrait être le portrait… Mais ce « gueulard moustachu », ce « blechtrommel », ce tambour de fer blanc n'a jamais pu atteindre le grade de sergent. Il est resté caporal. De plus, il n'a jamais exercé la fonction d'instructeur militaire, même bête, même incompétent. Bref, Kästner ne l'a pas connu durant la guerre ; il ne pouvait quasiment rien prévoir en 1930 de ce qui allait faire d'un caporal minable un tyran dément de première envergure.
Cependant, son texte est prophétique, je te le dis, dit Lucien l'âne en secouant sa noire crinière. Et pour savoir combien, il suffit de le lire ou de l'écouter…
D'ailleurs, il est fort dommage qu'il n'ait pas mis en acte ce qui est dit dans la canzone :
… il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Et en effet, on aurait peut-être pu éviter bien des tribulations et des morts.
Mais ce n'est pas sûr… Regarde bien, Lucien l'âne mon ami, le personnage ici décrit par Kästner, qui ressemble tellement à ce Ratatin de malheur, à ce hâbleur, cette idole haineuse d'horribles hyènes honteuses, ce nain maléfique, ce moulin à paroles… avait été produit à des milliers d’exemplaires par la décomposition de l'Empire de Guillaume, comme un cadavre produit en masse les vers qui vont le dévorer. Le point essentiel est que, comme disait le loup à propos du
mouton, si ce n'était lui, c'eût été un de ses clones. Et dès lors, l'assassiner précocement n'aurait peut-être pu éviter le désastre. Je reconnais cependant que c'est une idée plaisante. Ceci dit,le texte d e Kästner a tout d'un discours de Cassandre et montre, une fois encore, combien la poésie ouvre les horizons de la pensée.
Marco Valdo M.I. mon ami, il y aurait tant de choses encore à dire à propos de cette canzone. Mais laissons l'imagination es uns et des autres faire ses circonvolutions et reprenons notre tâche, simple mais si nécessaire et tissons le linceul de ce vieux monde imbécile, militarisé, bestialisé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Écoute, Marco Valdo M.I. mon ami, une chanson d'Erich Kästner ne me laisse jamais indifférent. C'est vraiment un très grand monsieur, un vrai poète, un superbe romancier, un non moins extraordinaire chroniqueur et un journaliste comme on n'en trouve que rarement.
Mon ami Lucien l'âne, tu ne peux pas savoir combien tes propos me comblent. Tout ce que tu dis de Kästner est rigoureusement exact. Dès lors, a priori, cette canzone est d'un grand intérêt pour les Chansons contre la Guerre. Ensuite, elle raconte l'histoire d'un sergent nul, brutal, idiot, sadique ; ce qui en fait un texte anti-militariste et même, anti-militaire. Mais elle est bien plus que ça… Et là, intervient la question de la date et du grade de l'individu dénommé ici : Sergent Braillard. Je t'ai dit : écrite en 1930. Enlève « une douzaine d'années » ; on est en 1917-18. Donc, un gars qui était sergent à cette époque. Un de ces militaires, casques d'acier… des corps francs.
Ne serait-ce pas certain gueulard moustachu ?, dit Lucien l'âne en clignant de l'oeil.
Certes, dit Marco Valdo M.I. en souriant, je vois bien que tu penses à quelqu'un d'autre, dont ce pourrait être le portrait… Mais ce « gueulard moustachu », ce « blechtrommel », ce tambour de fer blanc n'a jamais pu atteindre le grade de sergent. Il est resté caporal. De plus, il n'a jamais exercé la fonction d'instructeur militaire, même bête, même incompétent. Bref, Kästner ne l'a pas connu durant la guerre ; il ne pouvait quasiment rien prévoir en 1930 de ce qui allait faire d'un caporal minable un tyran dément de première envergure.
Cependant, son texte est prophétique, je te le dis, dit Lucien l'âne en secouant sa noire crinière. Et pour savoir combien, il suffit de le lire ou de l'écouter…
D'ailleurs, il est fort dommage qu'il n'ait pas mis en acte ce qui est dit dans la canzone :
… il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Et en effet, on aurait peut-être pu éviter bien des tribulations et des morts.
Mais ce n'est pas sûr… Regarde bien, Lucien l'âne mon ami, le personnage ici décrit par Kästner, qui ressemble tellement à ce Ratatin de malheur, à ce hâbleur, cette idole haineuse d'horribles hyènes honteuses, ce nain maléfique, ce moulin à paroles… avait été produit à des milliers d’exemplaires par la décomposition de l'Empire de Guillaume, comme un cadavre produit en masse les vers qui vont le dévorer. Le point essentiel est que, comme disait le loup à propos du
mouton, si ce n'était lui, c'eût été un de ses clones. Et dès lors, l'assassiner précocement n'aurait peut-être pu éviter le désastre. Je reconnais cependant que c'est une idée plaisante. Ceci dit,le texte d e Kästner a tout d'un discours de Cassandre et montre, une fois encore, combien la poésie ouvre les horizons de la pensée.
Marco Valdo M.I. mon ami, il y aurait tant de choses encore à dire à propos de cette canzone. Mais laissons l'imagination es uns et des autres faire ses circonvolutions et reprenons notre tâche, simple mais si nécessaire et tissons le linceul de ce vieux monde imbécile, militarisé, bestialisé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
SERGENT BRAILLARD
Il y a une douzaine années maintenant,
C'était notre sergent.
Nous avons appris de lui : « Présentez arme ! »
Quand l'un de nous tombait, en riant
Il crachait devant lui dans le sable.
« À genoux ! » était sa sentence préférée.
Bien deux cents fois, il l'a braillée.
Nous étions là sur la place désolée,
Où nous avons plié les genoux
Et appris la haine du même coup.
À celui qui déjà était à quatre pattes,
Il arrachait sa veste
Et hurlait : « Salopard, tu vas geler des fesses ! »
Puis, il s'en allait. On fait encore
Des soldes de jeunesse.
Il m'a jeté par amusement sur le sable
Ensuite, il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Celui qui l'a connu, ne l'oubliera jamais.
On se le garde au frais !
C'est un animal. Il vomit et il braille.
On appelle le sergent Braillard : « le bétail »,
Comme ça, tout le monde le reconnaît.
L'homme m'a retourné le foie.
Lui, ça ne le touche pas.
Il provoque et fait mal et martèle à haute voix.
Et quand avant de dormir, commence à poindre la nuit,
Alors, je pense à lui.
Il y a une douzaine années maintenant,
C'était notre sergent.
Nous avons appris de lui : « Présentez arme ! »
Quand l'un de nous tombait, en riant
Il crachait devant lui dans le sable.
« À genoux ! » était sa sentence préférée.
Bien deux cents fois, il l'a braillée.
Nous étions là sur la place désolée,
Où nous avons plié les genoux
Et appris la haine du même coup.
À celui qui déjà était à quatre pattes,
Il arrachait sa veste
Et hurlait : « Salopard, tu vas geler des fesses ! »
Puis, il s'en allait. On fait encore
Des soldes de jeunesse.
Il m'a jeté par amusement sur le sable
Ensuite, il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Celui qui l'a connu, ne l'oubliera jamais.
On se le garde au frais !
C'est un animal. Il vomit et il braille.
On appelle le sergent Braillard : « le bétail »,
Comme ça, tout le monde le reconnaît.
L'homme m'a retourné le foie.
Lui, ça ne le touche pas.
Il provoque et fait mal et martèle à haute voix.
Et quand avant de dormir, commence à poindre la nuit,
Alors, je pense à lui.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 20/10/2014 - 22:35
Anche Hanns Eisler si è cimentato con questa poesia. Si veda l'interpretazione di Ernst Busch nell'album dedicato ad Erich Kästner pubblicato in RDT nel 1976.
B.B. - 19/9/2016 - 21:18
L'interpretazione di Ernst Busch su musica di Hanns Eisler risale al 1969.
Forse il brano andrebbe oggi più correttamente attibuito al suo autore, Erich Kästner...
Forse il brano andrebbe oggi più correttamente attibuito al suo autore, Erich Kästner...
B.B. - 15/9/2019 - 18:10
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Musica di Holger Münzer [1972]
Interpretata da Holger Münzer [1976]
Dal musical "Was nicht in euren Lesebüchern steht" (si veda Kleines Marschliedchen).