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Les Diables de Bosch

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Les Diables de Bosch

Canzone léviane – Les Diables de Bosch – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 60



Les Diables de Bosch est la soixantième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.


Dis, Marco Valdo M.I. mon bon ami, dis-moi, dit Lucien l'âne en fermant presque ses yeux qui ne seront jamais bleus, est-ce bien de Jérôme Bosch et de ses étranges peintures qu'il est question ?

Oui, c'est bien de ce Bosch-là, l'homme du Bois du Duc, Hieronymus van Aken. Un de ces peintres qui ont marqué leurs temps – le Moyen- Âge et les temps à venir. Mais comme tu le verras dans la canzone, la peinture est un point de départ pour la pensée. Souvent aussi, le peintre est quelqu'un qui parle de l'homme, du monde et des jeux de la société – entendons : les jeux de pouvoir. Le peintre est un apporteur d'image, il crée la métaphore. Du moins quand la peinture se confronte au monde et c'est le cas. De plus, il engendre une formidable ambiance poétique.


Mais au fond, cette canzone ne parle pas que de la peinture. Où est donc passé notre prisonnier-guerrier-blessé ? , dit Lucien l'âne, très attentif.


Mais enfin, Lucien mon ami, tu le sais bien. Tu sais bien que c'est lui qui « pense » ce monde, c'est dans son cerveau qu'il fait vivre sa vie, puisqu'on l'a enfermé et qu'il n'a plus accès qu'à son monde intérieur... Monde intérieur de l'être qui est le seul lieu sûr, plus sûr encore que Montségur, la fameuse forteresse cathare qui résista presque un an aux armées du pouvoir papiste. C'est tout dire. Imagine que pour prendre la forteresse humaine – quand elle veut résister et se refermer sur elle-même, il faut tuer le corps qui la renserre, ce qui ipso facto, la met en lieu sûr et définitivement hors d'atteinte.


Et à quoi songe-t-il ?, dit Lucien l'âne tout concentré.


Il regarde sa propre situation et aussi quelle est l'origine de son malheur et ensuite, il cherche comment faire disparaître ce démoniaque qui le tient en son pouvoir. Et ce monstre, ce dragon, ce taureau de Minos, c'est le pouvoir justement, cette bête qui, depuis la nuit des temps, écrase l'homme et tend à le dominer, à le contraindre, à le domestiquer. Parfois, et il suffit de regarder aujourd'hui autour de toi, il s'incarne en une personne. Sache de façon générale que pour que l'homme ou n'importe quel être vivant, l'âne aussi par exemple,puisse vivre libre et heureux, il convient que le pouvoir s'abolisse et s'il est incarné par quelqu'un, il faut que ce quelqu'un lui aussi disparaisse – qu'il soit une personne, un parti, une église, un peuple, une religion ou quoi que ce soit.

Tu as bien raison, Marco Valdo M.I. Mais c'est là un combat long, lent et difficile; en somme, la Guerre de Cent Mille Ans, dont le but ultime est de faire disparaître toute forme de pouvoir en même temps que toute forme de richesse, laquelle richesse ne grandit et ne s'étend que de l'extension de la pauvreté. Préparons l'après... Tissons donc joyeusement le linceul de ce vieux monde pourrissant et cacochyme.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Les diables de Bosch sont une grâce d'invention,
Un travestissement périlleux,
Une perturbation des noms et des fonctions,
Une mutation du merveilleux,
Des œufs, des plats, de la vaisselle,
Des porcs, des oiseaux, des crécerelles,
Des poissons déplacés et absurdes, des oursins,
Ils disent l'omniprésence de l'enfer
La terreur des quotidiens, dès le matin.
Quand le pouvoir enserre les humains.
Démoniaque pénétrant la pomme tel un ver
Démon altérant tout autour de lui
Il pourrit par l'intérieur
Tout système civilisé où il sévit.
Il est la source-même du malheur.
Il ne supporte pas la contradiction,
Moins encore l'opposition.
La colère et la haine sont en lui.
Son métabolisme se détraque.
Les yeux révulsés, les cris,
La bave à la bouche, il frappe, il matraque.
Il délire, on ne peut le calmer
Il faut l'exorciser, il faut l'éliminer.
Le démon se débat en hurlant,
Comme un serpent dément.
Seul l'après compte
Et on ne le connaît pas ni ne le raconte.
Les histoires, en général, ne disent pas.
Comment finissent ces choses-là.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 25/10/2009 - 21:08




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