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Les Billes de Verre

Marco Valdo M.I.
Language: French



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Les Billes de Verre
Canzone léviane – Les Billes de Verre – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 37

Les Billes de Verre est la trente-septième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Mussolini était Mussolini. Malgré le présent, il ne faudrait pas que certains mauvais esprits y reconnaissent sous le masque mortuaire de l'ancien dictateur, celui d'aujourd'hui et imaginent sous la raideur de la mâchoire, le sourire figé qu'ils voient tous les soirs à la télévision.


Oui, mais, dit Lucien l'âne en découvrant son piano magnifique qui lui vient quand il veut sourire, assurément, toute cette histoire, ce n'est pas fini. Tu as beau dire, tu n'empêcheras pas les mauvais esprits, dont le mien, de penser qu'en parlant du passé, tu parles d'aujourd'hui. Ce n'est pas à un vieil âne comme moi qu'on fera prendre des fanes de carottes pour des chardons.


Quoi qu'il en soit, Mussolini est Mussolini et l'autre, c'est l'autre. Je te l'accorde, un régime est un régime, mais les modalités apparentes sont bien différentes. Bob Dylan le chantait : les temps ont changé et certains hiérarques du grand conseil du PNF en orbace ont été remplacés par des demoiselles déguisées en ministres et en parlementaires, mais je te l'accorde, aucune ne porte l'orbace; leur tenue est plus légère. L'ambiance est différente, mais l'atmosphère est la même. Les remugles aussi.


C'est bien ce que je disais, dit Lucien l'âne, n'a-t-on pas créé la Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale dès 1923 et ne vient-on pas de la recréer sous le nom « rondes citadines » ou je ne sais trop comment on les appelle à présent ? Et n'entrera-t-elle pas en action dans les prochains jours cette nouvelle version de la Milice Volontaire de 1923 ?
Ceci dit, c'est un beau portrait... Très, comment dire, très historique... Très caustique aussi...


En somme, Lucien mon ami l'âne sage, comme tu le sais, les éléments sont ceux qui viennent de la mémoire extraordinairement visuelle et précise de Carlo Levi, qui a vécu toute cette période – je te rappelle qu'il fut agressé par les squadristi (les milices de l'époque) en public en 1920 au théâtre à Turin et qu'il ne fut dégagé in extremis que par l'intervention de la police. Quant à sa mémoire, c'est celle du journaliste, du peintre, de l'écrivain... Du dessinateur politique aussi. C'est ce qui donne à cette canzone toute sa précision, je dirais gestuelle... Car la mimique est signe elle aussi; c'est un message fort précis de l'intention profonde... Laquelle intention, comme tu le sais, constitue le crime. Un sourire crispé, des rides figées en disent plus qu'un long discours... Et indiquent nettement la fausseté du propos et l'inquiétude du locuteur...

Ne t'inquiète pas, je sais que c'est un menteur et un escroc... En attendant, dit Lucien l'âne, en étirant l'échine, continuons à tisser le linceul du vieux monde...

Ainsi parlait Marco Valdo M.I.
En Italie, on ne badine pas
Faut être premier, faut être viril.
Tête coincée, menton érectile
Faut imposer sa loi.

Mussolini, pour affirmer sa virilité
Fait tourner des hélices d'avion militaire.
Ce sont ses yeux, deux billes de verre,
Un regard d'airain
Lui seul sait les agiter comme les ailes d'un moulin
Dans le mistral du matin.
Barbes et boucs levés,
Les autres subjugués,
Immobiles en position fixe
Tendus, les yeux fixes
Fixent l'horizon,
Saluant son autorité
Les mains le long
De la couture des pantalons.

En Italie, on ne badine pas
Faut être premier, faut être viril.
Tête coincée, menton érectile
Faut imposer sa loi.

Mussolini, serviteur du roi,
Le masque rude, le torse droit,
Se campe en héros
En Gibbo Zancanaresco.
En sautant à pieds joints sur la table.
S'érige lui-même en Duce formidable
Il s'empare de l'État d'un seul coup
Patte d'aigle sur celle du loup,
Seul à tout décréter
Et seul à pouvoir se juger.
Caricature d'homme,
Dérisoire Surhomme.
Image de l'image de lui-même, il se perpétue
Triste comique de la vulgarité absolue.

En Italie, on ne badine pas
Faut être premier, faut être viril.
Tête coincée, menton érectile
Faut imposer sa loi.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2009/8/4 - 22:54




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