Il ne faut jamais brûler ses vaisseaux
C'est une règle sage
Disait l'amiral
Il ne faut jamais brûler ses vassaux
C'est la loi du vasselage
Disait le sénéchal.
Je ne peux tourner ma tête.
Je ne vois, pendu au mur, que le Crucifix
Un Christ blanc sur croix de bois verni.
Je ne peux pas bouger la tête.
C'est interdit.
Croix de bois, croix de fer
Si je meurs, je vais en enfer.
Seule chose dans mon champ de vision
Une idée fixe, une obsession,
Une obligation, une imposition étrange
Une idéologie pure et sans mélange.
Le Christ au mur en croix
Partout où il le peut, le Christ impose sa loi.
Tu respecteras la loi du patron,
Tu suivras les instructions
Tu te lèveras le matin
Tu naîtras dans la douleur,
Tu travailleras pour le pain,
Tu seras à l'heure.
La sueur coulera de ton nez,
Tu connaîtras la précarité.
Tu respecteras l'institution
Tu accepteras ta situation.
Mais qui sont-ils maintenant ?
Qui sont donc ces gens
Qui mangent sans sueur à leur nez ?
Pourquoi sont-ils exemptés?
Par une astuce, un truc, une imposture
Ôtant chaînes, fouets, tortures,
Fers et grossièreté à l'esclavage
Ils imposent à tous le contrat, ce nouveau vasselage.
Ce faux lièvre qu'on fait courir devant les chiens.
Qui se voient maîtres demain.
Au camp, en cellule, au travail,
La maladie est défense, fuite, évasion.
Et je m'en vais à tâtons
avec mes yeux en éventail.
Tout en rêvant
Aux
serpents sautants,
Aux
oiseaux volants,
Aux
chats bondissants.
C'est une règle sage
Disait l'amiral
Il ne faut jamais brûler ses vassaux
C'est la loi du vasselage
Disait le sénéchal.
Je ne peux tourner ma tête.
Je ne vois, pendu au mur, que le Crucifix
Un Christ blanc sur croix de bois verni.
Je ne peux pas bouger la tête.
C'est interdit.
Croix de bois, croix de fer
Si je meurs, je vais en enfer.
Seule chose dans mon champ de vision
Une idée fixe, une obsession,
Une obligation, une imposition étrange
Une idéologie pure et sans mélange.
Le Christ au mur en croix
Partout où il le peut, le Christ impose sa loi.
Tu respecteras la loi du patron,
Tu suivras les instructions
Tu te lèveras le matin
Tu naîtras dans la douleur,
Tu travailleras pour le pain,
Tu seras à l'heure.
La sueur coulera de ton nez,
Tu connaîtras la précarité.
Tu respecteras l'institution
Tu accepteras ta situation.
Mais qui sont-ils maintenant ?
Qui sont donc ces gens
Qui mangent sans sueur à leur nez ?
Pourquoi sont-ils exemptés?
Par une astuce, un truc, une imposture
Ôtant chaînes, fouets, tortures,
Fers et grossièreté à l'esclavage
Ils imposent à tous le contrat, ce nouveau vasselage.
Ce faux lièvre qu'on fait courir devant les chiens.
Qui se voient maîtres demain.
Au camp, en cellule, au travail,
La maladie est défense, fuite, évasion.
Et je m'en vais à tâtons
avec mes yeux en éventail.
Tout en rêvant
Aux
serpents sautants,
Aux
oiseaux volants,
Aux
chats bondissants.
inviata da Marco Valdo M.I. - 4/8/2009 - 20:55
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Canzone léviane – Le Faux Lièvre et les Chats Bondissants – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 36
Le Faux Lièvre et les Chats Bondissants est la trente-sixième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Toujours couché sur son lit de douleur, le guerrier-prisonnier-malade-blessé continue son inlassable méditation, dont on sait qu'elle est sa manière de résister aux infortunes de son état. La pensée, il l'a déjà dit, est le seul mode de vie qu'on peut opposer aux diktats d'une réalité autrement insupportable et le seul cheminement possible pour arriver à s'en échapper – d'abord dans le songe, dans un monde réel, mais intérieur, qui est le monde où naît la poésie et la vraie liberté de l'être; ensuite, dans le monde réel et extérieur, où il convient alors de révolutionner le vieux monde. Ce vieux monde, archaïque en diable, c'est celui où nous sommes enfermés chaque jour et où l'étau toujours se resserre privant l'homme ainsi et de sa vie et de son temps. « Tu seras à l'heure », celle des autres évidemment. Un monde orwellien où le mot liberté désigne le nouvel esclavage du contrat, du travail obligatoire et de la soumission aux normes... « Ils imposent à tous le contrat, ce nouveau vasselage.
Ce faux lièvre qu'on fait courir devant les chiens. »
La maladie est la légitime défense face à un tel système. Ou alors, la poésie elle-même... « Je m'en vais à tâtons avec mes yeux en éventail... »
Pour gagner sa liberté, il suffit de laisser courir le faux lièvre et suivre les chats bondissants.
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.