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Déteints par le temps

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Déteints par le temps

Canzone léviane – Déteints par le temps – Marco Valdo M.I. – 2009

Cycle du Cahier ligné – 29

Déteints par le temps est la vingt-neuvième chanson du Cycle du Cahier ligné.

Cette canzone léviane comme toutes celles du cycle du Cahier ligné mêle des éléments du récit torrentuesque de Carlo Levi et l'histoire du personnage enfermé qui résiste à son destin par un grand cinéma onirique afin de garder sa raison : celle de vivre, principalement.

Dès lors, le malade-prisonnier-enfermé continue à lutter contre sa solitude et dans son voyage mental, il s'en va cette fois à la rencontre de ses familiers. Il entame un retour aux origines, une reconstruction de son monde, une réaffirmation de ses racines familiales.

La lecture d' « Achtung Banditen! » de Piero Tognoli qui relate les années de prison de l'anarchiste Marco Camenisch (toujours emprisonné à l'heure actuelle) est très éclairante quant au rôle essentiel des proches et singulièrement, de la famille. Sa mère Annaberte, son frère Renato ne l'ont jamais abandonné et Manuela, qui l'a épousé en prison et les compagnons qui le soutiennent encore...

Oh, oh !, dit Lucien l'âne, te voilà maintenant qui défend la famille. Tu m'étonneras toujours, mon ami Marco Valdo M.I.

Et oui, je défends la famille... Enfin, comprenons-nous bien. Je défends la famille quand elle est défendable. Vois-tu, Lucien mon ami si poilu, la famille a plusieurs façons d'être ou d'agir. Georges Brassens, tu sais bien, Tonton Georges, raconte cette histoire des quatre bacheliers et de ce père (c'était le sien) qui vient rechercher son fils, accusé de vol, chez les flics et qui lui dit tout simplement : « Bonjour, petit ! ». Les pères des trois autres bacheliers furent indignes... Ils s'en prirent à leurs propres enfants... Ainsi, selon les cas, je suis d'accord avec Gide et son « Familles, je vous hais ! » - et il y a beaucoup de raisons pour certains de haïr la famille et je suis très pour la famille quand elle est un lieu d'amour, de tendresse, de solidarité. Enfin, presque. Par exemple, j'aurais un père ou un frère fasciste... Je crois bien que je les renierais.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Mon père est vieux, il a quatre-vingt-trois ans,
Il attend sa fin. Patiemment.
En son temps, il a été mineur
À Carbonia et ailleurs.
Il était fier et droit
Maintenant, sa vie pèse d'un poids.
Ce n'est plus qu'une longue veille.
Un jour qu'il s'était mis au soleil.
Il a pris froid.
Le mal lui a pris le milieu du dos
Quelle douleur ! Quelle horrible douleur !
Je meurs, disait-il, je meurs…
On lui donna un peu d'aspirine, un verre d'eau.
Soudain, après un quart d'heure
D'un coup, il redresse son dos.
Que m'as-tu donné, dit-il, ma fille ?
Ma douleur est partie.
Un peu d'aspirine et de l'eau.
Rien qu'un peu d'aspirine et de l'eau
Et la douleur est partie
Mon père est vieux maintenant
Du haut de ses quatre-vingt-trois ans.

Nous étions huit enfants à la maison.
Quatre filles et quatre garçons.
Trois sœurs, sœurs au couvent
Une seule mariée dans sa maison.
Un frère a fait carrière dans la Marine.
Un autre en Allemagne travaille à l'usine.
Un autre (moi) est malade, en prison.
Á Rome, le dernier est mécanicien.
Notre mère vit encore dans la maison de Fonni.
Maman nous aime bien
Elle nous parle et elle sourit.
Je la vois ainsi, ici et maintenant
Comme aux beaux dimanches d'antan.
Mais comment fait-elle pour rester là ?
Comment sourit-elle encore ?
Dans ce village là-bas,
Où les étendards de mort,
Neufs ou déteints par le temps
Gardent les seuils des vivants.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 14/7/2009 - 21:08




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