Γεννήθηκα

Nikos Xylouris (Nίκος Ξυλούρης) est le plus grand chantauteur crétois contemporain. Nombre de ses chansons insérées font partie de ses Avτιπoλεμικά τραγούδια (Chansons contre la Guerre) de 1978.
Il est mort en 1980 d'un cancer aux cordes vocales.

« À moi, encore, il me vient de pleurer et les cheveux se dressent sur ma tête. Terre, pierre et vent, voici cette chanson. Il est arrivé à un de mes amis étranger qui ne connaissait pas un mot de grec de l'écouter. Quand je lui ai demandé s'il comprenait quelque chose aux paroles, il m'a dit : « Peu importe »...

...

Cela dit, commente l'âne Lucien, moi qui – comme tu le sais – suis né quelque part du côté d'Éphèse, ville grecque, je suis tout bouleversé également par cette chanson, faite de poésie. De cette poésie au sens où l'entendait l'aède aveugle ou la poétesse aux amours éternelles; au sens aussi de cette étincelle qui éblouit jusqu'au plus profond du cerveau et anéantit d'un trait fulgurant l'ennui et la médiocrité. Je suis âne, j'ai raconté le premier roman du monde, et aussi vrai que je m'appelle Lucien, je te dis que c'est une grande chanson.

Ô, Lucien mon ami, tu me ravis, mais dis-moi de quoi, de qui, elle parle cette chanson … Qui est celle-là qui parle et qui chante si bien ?

C'est la fille des Dieux, celle qui vit depuis tant de temps dans la mer et qui respire le vent des campagnes de l'Attique... C'est notre mère, c'est notre terre, c'est notre mer, ce sont les îles et le vent, c'est tout simplement la Grèce elle-même, cent fois morte, cent fois ressuscitée. Mais, fais quand même attention mon ami Marco, nous les ânes, on aime la terre grecque car elle est une partie de la terre des hommes, celle où couraient mes sabots d'antan, la terre des hommes, de tous les hommes, une terre sans frontières. Regarde où je suis né... Malgré les ans et les ans, malgré qu'elle ait changé tant de fois de mains, c'est toujours le même soleil, le même Apollon qui l'éclaire, comme il éclaire tous les ânes et tous les humains des Inuits aux Fuégiens.
Car telle est notre vraie terre qui nous porte tous en son sein, des Inuits aux Fuégiens.

Mais, Lucien mon ami, dit Marco Valdo M.I., où sont donc passés les barbares ?

Quant aux barbares, dit Lucien l'âne qui en connaît un bout, ils ne sont pas de l'autre côté des frontières (lesquelles, d'ailleurs ?)... Ils sont parmi nous, ce sont ceux qui font la Guerre de Cent Mille Ans, ces riches et leurs collaborateurs qui font la guerre contre les pauvres afin de les dominer, de les exploiter et d'en tirer profit. Ces barbares parlent la langue de bois, cette langue de tous les puissants, de tous les pouvoirs tout au travers de l'histoire. C'est eux le « vieux monde » pour lequel nous tissons – toi et moi, tout comme nos amis, un linceul de lin, un suaire magnifique.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.