Dopo aver fatto conoscere il notevole talento del cantautore italoinglese Piers Faccini, una delle rivelazioni del 2005 con il suo "Leave no trace", l'etichetta francese Label Bleu ha ora il piacere di presentare un'altra importante scoperta musicale: Lola Lafon. Cantante e scrittrice che ha a lungo vissuto nell'Est europeo Lola Lafon è l'autrice di un romanzo, "Resterò in piedi e non avrò paura", pubblicato anche in Italia da Piemme, che è stato un vero e proprio successo letterario. Nel romanzo, con una forte connotazione autobiografica, la protagonista Landra vissuta nel disagio esistenziale tra la Romania (ai tempi della dittatura di Ceausescu) e la Bulgaria viene catapultata nella realtà totalmente diversa di Parigi, dove ad un senso di vertigine per la libertà tanto sospirata si aggiunge un accresciuto disagio per la peggiore delle violenze che una donna può subire. Landra/Lola che sente ormai esplodere dentro di sé un forte sentimento di rabbia entra in contatto con il movimento no global e con le sue frange più estreme, va a vivere in uno squat e partecipa a manifestazioni contro tutto e tutti, ma fa anche un'altra cosa: scrive e canta canzoni. I forti sentimenti provati dalla protagonista sono gli stessi incanalati nelle canzoni di "Grandir A' L'Envers De Rien" disco d'esordio di Lola Lafon ed il suo gruppo, Leva. La particolare strumentazione (chitarra, basso, fisarmonica, percussioni, campionatori) la dice lunga sugli orientamenti musicali che lo contraddistinguono. Lola, svezzata musicalmente ascoltando musica tradizionale balcanica, il rock dei Rolling Stones, Patti Smith e Jeff Buckley lascia confluire tutto ciò in un album che fonde la purezza del folk con l'energia del rock in una maniera assolutamente originale, ne è un esempio emblematico la sua personale interpretazione del classico stonesiano "Paint it black", in una manciata di canzoni di rara intensità espressiva ed efficacia comunicativa.
- Lola Lafon & Leva - Grandir A' L'Envers De Rien (L'esordio di un'artista che farà sicuramente parlare di sé per la forte carica emozionale che traspare dalle sue canzoni e per come musicalmente esprime un forte disagio esistenziale di molti giovani)
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Ne te laisse pas abattre, Lola!
Notre chroniqueur a été émerveillé par le roman électro-balkanique de la roumaine Lola Lafon. Le fait que José Bové soit au trou et Berlusconi au pinacle lui donne la fièvre.
PAR GERARD DELALOYE
José Bové au trou, Berlusconi au pinacle de la présidence européenne. En soi, la nouvelle devrait remplir au moins quelques places de manifestants, faire la une de la presse internationale, occuper pendant des heures entières les écrans de télévision. Mais les gens ont la tête ailleurs. Fait beau, fait chaud, vive la piscine et les terrasses! Et puis où irions-nous s'il fallait protester contre toutes les injustices, clouer les présidents escrocs au pilori, défendre le défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il y a belle lurette que «président escroc» n'est plus pléonastique. Quant à la veuve et à l'orphelin, mon bon Monsieur, laissez-les à leur solitude et à leur pauvreté, ils aiment ça.
Ainsi va le monde en cet été 2003. Il va.
Puis soudain, un orage balaie tout sur son passage et provoque en quelques minutes beaucoup plus de dégâts que tous les manifestants anti G8 réunis à Genève, comme cela s'est produit il y a deux semaines du côté de Zoug. Et malgré les signes avant-coureurs, les annonces et communiqués, on met la faute sur les météorologues, ces ignares incapables de faire leur métier correctement.
A propos de météorologues, j'en ai découvert une d'une trempe exceptionnelle. Jeune (28 ans), bien dans sa tête. Intelligente, à coup sûr. Jolie? Je ne sais pas. La photo de couverture est volontairement floue. Elle doit se méfier de l'image, n'aime pas apparaître, préfère l'anonymat.
Elle prétend s'appeler Lola Lafon. C'est sûrement un pseudo, mais cela ne me dérange pas: j'aime bien le nom de Lola. Encore des souvenirs de jeunesse. A cause de Lola Montès, la belle aventurière incarnée par Martine Carol dans le film de Max Ophüls. A cause aussi d'un poème d'Aragon que chantait Léo Ferré. «Dans le quartier Hohenzollern/ Entre la Sarre et les casernes/ Comme les fleurs de la luzerne/ Fleurissaient les seins de Lola...»
Si j'avais encore la mémoire de mes vingt ans, je pense que la nouvelle Lola se loverait durablement dans un petit coin de mon réseau de neurones. Pour le moment je me contente de lire son livre et j'en suis émerveillé. Cette Lola-là n'a pas fini d'enfiévrer ses lecteurs. Elle le sait et ne le cache pas, son roman s'intitule précisément «Une fièvre impossible à négocier». C'est publié chez Flammarion et ne coûte que 18 € les 340 pages.
Ce qui lui donne la fièvre, vous l'aurez deviné, c'est que Bové soit au trou et Berlusconi au pinacle.
Ce qui lui a donné la fièvre (à elle, Lola, ou à son héroïne Landra, mais c'est tout comme) c'est un viol dont, adolescente, elle a été victime un soir de 14 septembre entre 23h27 et 23h58. Un viol commis par un proche, par un «homme insoupçonnable» qui dès le lendemain lui téléphone pour lui demander si cela va. Elle ne répond pas parce que cela va pas du tout. S'enfuit. S'agglutine à un groupe de jeunes spécialistes en manifs antifascistes et en cassage de vitrine, le groupe ENE (Etoile Noire Express). Fricote avec les Blacks Blocks. Passe d'un squat à l'autre. Se fait des copines, des copains, des amants. Manifeste tous les samedis matin contre les intégristes antiavortements. Vit. Se méfie des «hommes insoupçonnables» qu'elle fuit comme la peste. Elle fond aussi pour les surfeurs et l'électro.
Lola Lafon est un grand écrivain (dirait-elle une grande écrivaine?). Elle écrit des choses comme:
«Le squat s'est fait vider, un matin. Les carreaux se sont effondrés, le GIGN est entré par les fenêtres, les portes, arme au poing. C'est très triste de se réveiller avec un revolver sur la tête et ses affaires déchiquetées, quand on a juste voulu fédérer des envies enroulées dans des duvets. Ce lieu commençait tout juste à être célèbre pour la réussite du mélange, l'ambiance.»
Et quand elle va retrouver ses anciens amis, tous de gauche mais intégrés dans leurs voitures, apparts, ordinateurs et gadgets divers:
«Moi, je ne fais pas de politique, je me fais plaisir en donnant des coups de pieds, petits peut-être, mais coups quand même, dans le béton dont la tête ne me revient pas. Les fissures apparaîtront peu à peu. Ce monde-là, je leur dis, je cherche juste à le faire déraper, qu'il se casse la gueule au lieu de casser celle des autres. Sabotage. Infime c'est vrai, mais sabotage quand même. Et puisque j'ai appris qu'il faut parler la langue de ses ennemis pour être entendus d'eux, je parle en euros et en dollars: je crée des dommages matériels, je leur coûte cher j'espère. Et leur panique, leurs vigiles, les rideaux de fer qui se baissent précipitamment, leurs alarmes dès qu'une manif se promène par chez eux, me prouve que Footlocker, MacDo, Esso, le CIC, Renault, TF1, L'Oréal nous ont parfaitement compris, eux.»
La révolte de Lola Lafon vient de loin, de Bucarest où elle a, dit-elle, passé son enfance à l'époque où le régime de Ceaucescu agonisait. C'est dire que son rejet de la société est total.
Ne te laisse pas abattre, Lola, tient bon la rampe, on a besoin d'écrivains roumano-français décapants. Panaït Istrati et Eugène Ionesco t'ont ouvert la voie!
P.S. Dans un portrait publié par Libération le 19 août 2003, Lola Lafon nous apprend qu'elle n'est pas roumaine, mais fille de coopérants français ayant longuement vécu à Bucarest. Le groupe rock balkanique auquel elle participe est Leva.