Michel SARDOU
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cet homme-là ne laisse pas indifférent. Si la France profonde se retrouve parfaitement dans ses prises de position chantées, l'intelligentsia a trouvé en lui le souffre-douleur idéal ! Courageux pour certains, démago pour les autres, nul en tout ça ne met en doute son talent de chanteur. Du reste, les ventes de ses disques et la fréquentation de ses spectacles se passent de commentaires. A vous de juger.
Plusieurs décennies de music-hall pèsent sur les épaules de Michel Sardou. Depuis le milieu du XIXème siècle, ses aïeux pratiquaient le métier de saltimbanques à Marseille, ville du sud de la France.
Enfant de la balle
Son père Fernand Sardou (né en 1910) est un homme de théâtre, de music-hall et de cinéma reconnu. Il épouse en 45 une jeune danseuse devenue comédienne, Jacky. Le 26 janvier 47 naît leur enfant, Michel, à Paris. En partie élevé dans un petit village de la Meuse, Koeur-la-Petite, par une nounou également garde-barrière, Michel a aussi l'occasion de hanter les couloirs des music-halls parisiens et de suivre ses parents en tournée. Il vit la vie des enfants de la balle.
Devenu pensionnaire d'un internat au Montcel à Jouy-en-Josas, près de Paris, dans les années 50, Michel Sardou subit les études plus qu'il ne les suit. Elles lui paraissent douloureuses et difficiles. En septembre 63, il "fait le mur" du collège et annonce à ses parents qu'il veut interrompre sa scolarité et partir au Brésil. En fait, il devient serveur-artiste dans le cabaret "Chez Fernand Sardou" que son père a ouvert en 1960.
Michel Sardou se marie avec une danseuse, Françoise Pettre en 1965. Ils s'installent dans une chambre de bonne. Michel commence à prendre des cours de théâtre et rencontre Michel Fugain avec qui il écrit quelques-unes de ses premières chansons. Le soir, il chante dans divers cabarets. Il passe ensuite une audition chez Barclay et décroche un contrat. Il enregistre donc un premier 45 tours à la fin de l'année, "le Madras".
En 1966, il fait la connaissance de Jacques Revaux qui deviendra le compositeur de ses plus grands succès et de la majorité de son répertoire. De plus, il est engagé comme lever de rideau de François Deguelt à Bobino. Ayant "oublié" de répondre au recensement du Ministère des Armées, il est arrêté dans l'enceinte même de la salle. En définitive, il effectue dix-huit mois de service militaire.
"Les Ricains" est son quatrième 45 tours qu'il sort en 1967 au moment où le Général de Gaulle condamne l'intervention américaine au Vietnam. Sardou choisit dans cette chanson de rendre hommage aux appelés américains de la seconde Guerre mondiale. Du coup, "Les Ricains" est interdit de diffusion à la radio française. Cela lui assure une certaine notoriété et jette les bases de son style. Mais la maison de disques Barclay ne comprend pas les choses comme cela et résilie son contrat en 1969, sous prétexte "qu'il n'est pas fait pour ce métier". Grave erreur.
Jacques Revaux et Régis Talar crée le label Tréma qui produit désormais les disques de Michel Sardou.
Popu
L'année 70 représente un tournant dans sa vie : naissance de son premier enfant, Sandrine, et rencontre avec Vline Buggy, parolière de Hugues Aufray et de Claude François. "Les Bals populaires", "Et mourir de plaisir" et "J'habite en France", vont produire l'étincelle qui va lui permettre d'accéder enfin au succès. En pleine période "post soixante-huitarde", il véhicule une image rassurante de France traditionnelle, de vrai chanteur populaire.
Puis il part en tournée avec Alain Barrière et fait son premier Olympia en lever de rideau d'Enrico Macias en février 70.
"J'habite en France" obtient en 1971 le Grand Prix de l'Académie Charles Cros qui lui est remis par le Président de la République, Georges Pompidou.
Vient ensuite son premier passage à l'Olympia en tant que vedette puis la sortie d'un premier enregistrement public intitulé "Olympia 71".
Les deux années qui suivront sont riches en succès et déterminants pour sa carrière. "La Maladie d'amour" (belle mélodie et simplicité des mots) qui, sorti le 3 juillet 73, reste 10 semaines n°1 de certains hit-parades français, mais aussi "Bonsoir Clara" ou "le Rire du Sergent" (plus d'un million d'exemplaires vendus). Ses chansons racontent des tranches de vie où l'on peut sentir les convictions profondes de l'artiste, ce qui l'expose particulièrement à la critique. Il provoque la polémique au point de susciter la création de groupes "anti-Sardou". Les chansons "les Villes de solitude" et "les Vieux mariés" par exemple, font vivement réagir les féministes.
Malgré toute cette agitation autour de lui, il effectue une tournée en France durant cette année-là. Survient aussi la naissance de sa seconde fille Cynthia en décembre 73.
Présent en permanence au sommet des hit-parades depuis environ trois ans, Michel Sardou ne cesse de se produire en public : Olympia en janvier 74 et décembre 75, tournées en France et au Canada. Cela ne l'empêche pas de sortir des disques dont le célèbre "Le France", chanson qui évoque la splendeur passée du paquebot de luxe et son abandon dans le port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Il est pour
En 1976, Fernand Sardou, son père, meurt d'une crise cardiaque. Une époque s'achève.
Michel Sardou livre en octobre "Je suis pour", texte dans lequel le chanteur relate avec des mots assez violents, l'histoire d'un père dont on a tué l'enfant et évoque le thème de la peine de mort. Le texte tombe dans un contexte difficile (procès de Patrick Henry accusé d'avoir assassiné un enfant). Les comités "anti-Sardou" se multiplient. La polémique reprend. Des manifestations ont lieu et sa tournée est régulièrement perturbée. Finalement déstabilisé, Michel Sardou annule les deux dernières dates. Pourtant, la ferveur du public est toujours présente, comme si la France était divisée en deux, les "pros Sardou" et les "antis Sardou"
En octobre 77, il épouse en secondes noces Babette dont il a déjà eu un fils, Romain, en janvier 74.
Après ces années qui professionnellement ont été éprouvantes, l'artiste procède à un incontestable retour sur lui-même : retour sur son enfance avec "En chantant", évocation de son père avec la reprise du succès "Aujourd'hui peut-être" ou remémoration de sa rupture avec ses parents avec "Je vole". En 78, c'est aussi la naissance de son autre fils Davy en juin, ainsi que la rencontre avec Didier Barbelivien qui devient l'un de ses paroliers réguliers.
Au début des années 80, on constate que le chanteur prend un peu de recul et "s'assagit". En 1981, paraît la chanson "Les Lacs du Connemara", invitation au voyage en terre d'Irlande ou "Afrique adieu" en 82. Mais en 1983, il expose à nouveau ses convictions personnelles avec "Vladimir Ilitch", réquisitoire contre le régime communiste, ou en 84, "La Débandade" écrite avec Pierre Delanoë et "Les deux écoles", prise de position radicale pour l'école privée, qui provoque à nouveau une vive polémique. Toujours aussi populaire, cependant, il continue de se produire sur scène lors de tournées et de passages répétés au Palais des Congrès à Paris en 83 et 85. Il trouve quand même le temps de jouer dans un film "L'été de nos quinze ans" de Marcel Jullian sorti en 83, renouant ainsi avec la tradition familiale. Ou de courir le rallye "Paris Dakar" deux fois de suite en 84 et 85.
"Enfoiré"
En 1986, le public fait un triomphe à "Musulmanes", nouvelle chanson de Michel Sardou qui évoque, sur fond de "youyous" les femmes "voilées pour ne pas être vues". Puis retour au Palais des Congrès pour une nouvelle série de concerts. C'est en 89 qu'il fait son premier passage au Palais Omnisport de Bercy, la plus grande salle parisienne. Il y chante "Un jour la liberté" (écrite pour le bicentenaire de la Révolution française) qui clôture le spectacle. La même année, il participe à la "Tournée des Enfoirés" avec Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Véronique Sanson et Jean-Jacques Goldman au profit des "Restos du coeur" association caritative créée par l'humoriste Coluche.
En 1990, il reçoit la Victoire de la Musique attribuée pour le plus grand nombre de spectateurs venus le voir sur scène et l'année d'après celle du meilleur chanteur.
Il publie un nouvel album éponyme en 1992. "Le Bac G", extrait de l'album provoque une nouvelle polémique. Ce qui se voudrait un titre sur les difficultés de la jeunesse actuelle passe pour une attaque sur les diplômes "à bon marché" et les lycées défavorisés. En 1993, il donne pour la troisième fois une série de concerts au Palais Omnisports de Bercy, qu'il est l'un des seuls chanteurs français à remplir avec autant de facilité. "Selon que vous serez" est l'album que Michel Sardou sort un an plus tard. Puis retour à une salle plus intimiste, l'Olympia, pour environ cinq mois ininterrompus de spectacles.
Mais c'est dans le métier de comédien qu'il souhaite vraiment s'investir. En septembre 96, il fait ses véritables débuts dans une pièce intitulée "Bagatelle".
Le 13 octobre 1997, sort le nouvel album de Michel Sardou, "Salut". Non seulement, le chanteur s'entoure à nouveau de ses auteurs fétiches dont Jacques Revaux, mais également de choristes exceptionnels : ses amis, Johnny Hallyday et Eddy Mitchell. Parmi les onze titres, on trouve "Mon dernier rêve sera pour toi" consacré, sans jamais le citer, au célèbre homme d'affaires Bernard Tapie qui défraya la chronique en France suite à ses problèmes judiciaires. Comme à son habitude, il entreprend ensuite une tournée, ponctuée par la mort de sa mère le 3 avril 98. "Dans la pure tradition du spectacle", l'artiste n'interrompra pas la tournée à ce moment-là.
En octobre, il se rend à New York pour assister à la première d'une pièce de théâtre dans laquelle son fils Davy joue un des premiers rôles. Sardou est accompagné ce jour-là de sa femme Babette et de son autre fils Romain qui lui, écrit des scénarios de dessins animés à Los Angeles.
Michel Sardou reste un des artistes en France qui rassemble le plus de spectateurs lors de ses concerts. En février 99, il reçoit la Victoire de la Musique pour les 573.900 spectateurs venus l'applaudir à Paris et en province.
Nouvelle famille, nouvel album
Après 22 ans de mariage avec Babette, Sardou se sépare d'elle et divorce durant l'été 99. Retrouvée lors des obsèques de Jackie, la journaliste Anne-Marie Périer, fille du comédien François Périer et soeur de Jean-Marie, célèbre photographe des années yéyé, devient sa nouvelle compagne. Ils se marient le 11 octobre 1999 à Neuilly-sur-Seine au milieu d'une pléiade de stars et de personnalités dont le Président Jacques Chirac.
Un an plus tard, Michel Sardou sort un nouvel album au titre à la fois simple et porteur de controverse dans le contexte socio-politique français (immigration et extrême droite), "Français". Cependant, le chanteur affirme ne plus avoir envie de provoquer mais simplement, de dire combien il aime son pays et ses concitoyens. Très vite, son album se place en tête des meilleures ventes du moment. Sa popularité est sans cesse renforcée.
Peu enclin à changer ses habitudes, le chanteur revient sur la scène du Palais Omnisport de Bercy à Paris pour une série de 18 concerts qui commencent le 13 janvier 2001. Accompagné d'un orchestre de musiciens avec section de cuivres et cordes, Sardou toujours très sobrement habillé (costume noir et chemise blanche) mène son récital de main de maître, sans véritable surprise mais de façon efficace devant un public gagné à sa cause. Comme d'habitude. Parmi toutes les chansons interprétées, il reprend "Je n'aurai pas le temps" de Michel Fugain qui a beaucoup participé à l'écriture de son dernier album. Après ce passage parisien, il commence une tournée de 60 dates à travers la France.
Au théâtre
En septembre 2002, en compagnie de Brigitte Fossey et de son fils Davy, il joue "L'Homme en question" de Félicien Marceau au Théâtre de la Porte Saint-Martin, théâtre qu'il a acquis avec le producteur Jean-Claude Camus en juin 2001. En fait, il donnera 160 représentations à Paris puis partira en tournée.
Fin mars début avril 2003, Michel Sardou tourne un téléfilm "Le prix de l'honneur" dans lequel il campe un colonel dans une école militaire.
Retour à la musique
Michel Sardou change de maison de disque revient à la chanson en 2004 avec un nouvel album, Du plaisir. Sa côte de popularité n'a pas baissé: le CD est n°1 des ventes et les concerts d'octobre et novembre en France affichent déjà complet.
mai 2004
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