Jacques HIGELIN
Le parcours de Jacques Higelin est à la fois atypique et exemplaire. Dans un métier qui maintenant fait la part belle au disque, Higelin est en effet l'un des derniers à avoir construit son succès sur le spectacle. Alors que ses chansons étaient peu jouées dans les médias, notamment pour des raisons politiques (années 70), Higelin triomphait chaque soir dans de petites salles qui, mises bout à bout, finirent par constituer un public considérable. Le succès discographique vint bien plus tard. Ce qui permet à Jacques Higelin de garder un rare recul par rapport au show-biz, et de tenter toujours de nouvelles expériences sans redouter de brouiller son image.
C'est dans un village à l'est de Paris, à Brou-sur-Chantereine, que naît Jacques Joseph Victor Higelin le 18 octobre 1940. Son enfance est marquée par la guerre et les bombardements. Elevé dans une famille modeste avec son frère Paul, Jacques est bercé très jeune par le piano de son père, qui cheminot de métier, consacre beaucoup de temps libre à la musique. L'enfant aime chanter et apprend les grandes chansons de l'époque, de Maurice Chevalier à Charles Trenet, influences que l'on retrouvera tout au long de sa vie musicale. Après la guerre, outre la chanson, Jacques découvre le jazz. Nouvelle révélation. Encouragé par son père, le jeune garçon commence petit à petit à chanter dans les cinémas, pendant les entractes, puis lors de radio-crochets (concours de chanteurs débutants), au cours desquels il se fait remarquer.
Se sentant plus intéressé par l'univers du spectacle que par les études, Jacques quitte l'école à 14 ans. Il commence par travailler quelques temps avec un cascadeur. De petits engagements en contrats plus importants, il se retrouve dans une comédie musicale, "Nouvelle Orléans", aux côtés du jazzman américain, Sidney Bechet. Il apparaît dans de nombreux petits rôles au cinéma. C'est à ce moment-là, qu'il rencontre Henri Crolla, guitariste d'origine napolitaine et compositeur pour Yves Montand ou Edith Piaf. Avec lui, il apprend la guitare et parallèlement, se met au piano et à la clarinette.
Au début des années 60, il s'inscrit aux cours d'art dramatique de René Simon. Elève brillant, il reçoit le prix François Périer. La chanson est à cette époque au second plan.
En 1961, Jacques Higelin, part faire son service militaire. Après l'Allemagne où il se forme au piano jazz grâce à des groupes locaux, il part en Algérie pour six mois. Il y rencontre Areski Belkacem, musicien algérien, avec qui il se lie d'une amitié très forte. Là-bas, il continue de pratiquer son métier en animant les soirées et les bals des officiers.
Café-théâtre
A son retour en 63, Higelin reprend le cinéma ("Bébert et l'omnibus" d'Yves Robert) et le théâtre. Il commence à diversifier son travail et passe d'un théâtre très classique (Musset) à des créations plus expérimentales. C'est ainsi qu'il rencontre la troupe de Marc'O et se lie avec des comédiens comme Bulle Ogier ou Jean-Pierre Kalfon. Il se tourne également vers le café-théâtre, formule plus informelle, plus novatrice et souvent révélatrice de jeunes talents. Entre chanson et comédie, le café-théâtre permet à Higelin de s'épanouir sur scène. Il accompagne Georges Moustaki, chante Boris Vian aux Trois Baudets. Puis fin 64, à la Vieille Grille, il participe à des spectacles délirants ("Mélancaustique", "Maman j'ai peur") avec le comédien Rufus, et surtout Brigitte Fontaine, artiste fantasque et imprévisible. Entre leurs deux folies, s'installe une amitié profonde et une collaboration artistique étincelante.
En 1965, l'audacieux directeur artistique et producteur Jacques Canetti, remarque le duo, et leur donne l'occasion d'enregistrer deux disques coup sur coup : "Douze chansons d'avant le déluge", puis "Quinze chansons d'avant le déluge", albums dans lesquels ils revisitent le répertoire de Boris Vian. Sans abandonner le théâtre et le cinéma, Higelin se tourne de plus en plus vers la chanson. Révolté et idéaliste, il se lance dans un répertoire plus politique avec Catherine Ribeiro et François Béranger. Lors des événements de mai 1968 (révolte étudiante, grève générale), il trouve une plate-forme de liberté pour renouveler son inspiration. Il refuse de répondre aux médias officiels et devient la coqueluche des étudiants. Toujours prêt à se rebeller contre les institutions et le système, il impose l'image d'un personnage épris de liberté.
A cette époque, Higelin retrouve son ami Areski. Ce dernier devient le compagnon de Brigitte Fontaine, et tous trois, ils rejoignent le tout jeune label Saravah. Laboratoire musical prêt à offrir un terrain de création à des artistes de tous horizons et de toutes origines, Saravah est créé par Pierre Barouh, compositeur de la célébrissime chanson du film de Claude Lelouch, "Un Homme et une femme". C'est en 1969 avec Areski qu'Higelin enregistre son premier album sur ce label. Il trouve là l'occasion de donner libre cours à son talent de compositeur.
Happening
En cette fin des années 60, les lieux et les initiatives de création sont innombrables. Au théâtre du Vieux Colombier, Higelin participe souvent à des concerts "happening". On le voit aussi improviser avec les musiciens de l'Art Ensemble de Chicago ou avec les groupes Wild Angels ou Pretty Things. Enfin, avec Fontaine et Areski, il joue la pièce Niok au petit théâtre du Lucernaire.
Très impliqué dans l'intense activité artistique underground du Paris de l'époque, Higelin prend de nombreuses directions. Tout le passionne : la chanson, le théâtre, le spectacle, soit la création sous toutes ses formes. Improvisateur de génie, poète à l'imagination fulgurante, Higelin dépasse le cadre de l'art et s'investit aussi activement dans une certaine lutte politique et sociale. En mai 1971, il revisite l'"Internationale" lors des fêtes célébrant le centenaire de la Commune, violente révolte populaire et ouvrière dans la France du XIXème siècle. Le public commence à découvrir l'ampleur du talent d'Higelin et surtout, la folie totale et fascinante qu'il déploie lorsqu'il monte sur scène. C'est son lieu, son univers. Les concerts organisés par Saravah à cette époque prennent des tournures parfois inattendues. Higelin établit un contact unique avec le public qui en redemande. Lors de soirées au théâtre du Ranelagh, le concert se finit parfois dans la rue ! Ce n'est que le début d'une longue histoire entre l'artiste et le public.
1971 est aussi l'année de sortie du tout premier album solo de Jacques Higelin, "Jacques "Crabouif" Higelin". Entièrement signé Higelin, ce disque prouve la qualité de ses musiques et de ses textes, poétiques et bouleversants ("Je suis mort qui dit mieux").
Mais, après ces années un peu folles, Higelin décide de quitter Paris. Entre 71 et 73, il voyage et vit dans des communautés installées dans les Alpes ou dans le Lubéron dans le sud de la France. Il ne disparaît pas pour autant et continue à donner des concerts dans de petites villes ou des villages de province. On le voit aussi dans le film de Gérard Pirès, "Elle court, elle court la banlieue" en 1972 aux côtés de Marthe Keller.
En 1973, il fait la première partie du groupe de reggae Sly & Robbie à l'Olympia. Tout de blanc vêtu, Higelin donne l'image d'un pierrot lunaire seul avec son accordéon. Mais en quelques mois, il effectue un virage radical dans son style et dans sa musique.
Rocker
Le baladin se transforme en rocker. Sans perdre sa poésie et son lyrisme, il l'exprime différemment. On découvre un Higelin offensif, voire agressif, qui laisse deviner un courant punk prêt à exploser. Nous sommes en 1974 et Higelin à 34 ans. D'un hippie des champs, il devient un rocker urbain, provocateur et sombre. L'ombre de David Bowie n'est pas loin et se devine derrière le maquillage et l'ambiguïté du personnage. Mais Higelin porte assez de forces créatrices en lui pour imposer un personnage nouveau et inédit dans le paysage musical de la France des années 70, alors en pleine refonte.
L'explosion a lieu avec l'arrivée dans les bacs de son album "BBH 75" le 5 décembre 1974. Le public est surpris mais profondément séduit par ce rock noir et cinglant. Avec ses complices, Simon Boissezon à la guitare et aux compositions, et Charles Benarroch à la batterie, il enregistre le disque en une semaine. Sa franchise envers le milieu musical fait figure de manifeste ("Chaud chaud bizness show") et son indignation politique est acide et interrogatrice ("Est-ce que ma guitare est un fusil ?").
La même année, naît son deuxième fils, Ken. Déjà âgé de huit ans, son fils aîné, Arthur, s'initie à l'imaginaire généreux de son père, pour créer beaucoup plus tard son propre univers musical délirant sous le nom d'Arthur H.
Le 14 janvier 1976, sort "Irradié", album enregistré dans les studios du Château d'Hérouville au sud de Paris. Avec sa compagne Kuelan et son fils, Higelin s'installe dans la bergerie du château pour prendre du recul par rapport à une vie parisienne où, selon lui, la drogue envahit de plus en plus la création rock. Il s'entoure d'un nouveau groupe, les Super Goujats, dont fait partie un jeune guitariste de 21 ans, Louis Bertignac, futur membre du groupe Téléphone. L'album est toujours rock, mais empreint d'une grande tendresse.
Tendresse
Dès l'album suivant "Alertez les bébés", il confirme cette volonté d'une vision optimiste de l'existence. C'est un disque gai, enregistré dans une ambiance conviviale durant l'été caniculaire de 1976. Higelin s'entoure de nouveaux musiciens, dont Jacky Thomas à la basse, Michel Santangeli à la batterie et Pierre Chérèze à la guitare. Leur collaboration durera près de dix ans. Entre espoir et blues, les dix titres de ce disque reflètent simultanément la fraîcheur et la violence qu'Higelin porte en lui, symbolisées par les chansons complémentaires, "Aujourd'hui la crise" et "Demain (ça sera vachement mieux)". Sorti en novembre, "Alertez les bébés" reçoit le Prix de l'Académie Charles Cros et marque, pour l'artiste, la reconnaissance publique et critique.
Lancé sur la voix du succès, Higelin est enfin un artiste à part entière connu et reconnu comme tel. Il écrit, il compose, il se consacre enfin à sa propre inspiration, à son propre répertoire. Mais surtout, Higelin devient un artiste de scène impressionnant et très physique. Ses spectacles sont des occasions d'établir un contact très fort avec le public. Il le hèle, l'interpelle, le prend à partie en permanence. Et ça marche. Le public adore être accueilli chaleureusement et Higelin est un hôte généreux. De plus, les mises en scène sont souvent fastueuses, originales et hautement imaginatives. Le chanteur-comédien aime se travestir et se maquiller. Aucun de ses concerts ne ressemble au précédent. De tournées en festivals, Jacques Higelin enflamme les théâtres et les chapiteaux de France.
En avril 1977, Jacques Higelin participe à la première édition du festival du Printemps de Bourges qui à ses débuts, est créé pour résister à une certaine censure des médias envers une chanson française, plus rock, plus indépendante, plus alternative dont le festival se fait l'écho, et dont Higelin fait partie.
Du 15 au 30 septembre, l'artiste et son équipe enregistrent l'album "No man's land" au Château d'Hérouville. Profondément poétique, ce disque révèle aussi une certaine morosité sentimentale. Le titre "Pars" devient le premier vrai tube d'Higelin, qui enregistra cette chanson en pleine nuit, à la lueur des bougies. Outre le chant, il en assure les parties de basse et d'accordéon, mais aussi de mellotron. Cet instrument, qui imite le son du violoncelle, fut crée spécialement pour David Bowie, lequel le prêta à Higelin.
Champagne et caviar
C'est une production majeure de son répertoire que Higelin sort le 10 décembre 1979. D'autant plus, que ce sont deux albums simultanés et complémentaires qui envahissent l'actualité cet hiver-là, "Champagne pour tout le monde" et "Caviar pour les autres". C'est à la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, que Higelin commence à enregistrer. Fan de swing, de jazz, de boogie, le Français découvre en Louisiane un véritable paradis musical. Mais il ne parvient à réaliser vraiment ce qu'il désire. De retour en France, il fait appel à son complice et ingénieur du son, Laurent Thibault. Le duo insuffle un désordre joyeux à l'ensemble du travail. L'atmosphère des deux albums est hautement théâtrale comme le nouveau personnage diabolique que Higelin se forge à cette époque. Le succès commercial de ces deux disques marque un sommet dans la vie musicale du chanteur. Il enchaîne les tubes : "Tête en l'air", "Hold tight", et surtout son titre-phare, "Champagne". De salle en salle, le public répond au lyrisme scénique du chanteur, que ses détracteurs qualifient de pompeux.
En décembre 79, il donne un concert mémorable sous le pavillon Baltard en banlieue parisienne. Puis un an plus tard, c'est au théâtre Mogador, qu'il triomphe et enregistre un album qui sort en mai 81. Il sera triple disque d'or. Si Jacques Higelin s'enferme dans des délires parfois excessifs, son désir de renouveler en permanence les expériences musicales demeure intacte.
Pour fêter l'élection du nouveau Président de la République François Mitterrand en mai 81, Higelin donne un concert avec le groupe Téléphone en plein Paris, place de la République. En 1982, les tournées et spectacles continuent intensément. Il s'installe huit semaines au Cirque d'Hiver où il crée "Jacques Joseph Victor dort", spectacle entre théâtre et chant. Puis, il tourne longuement et triomphalement en province avec un passage mémorable à Paris le 21 juin pour la Fête de la Musique lors de laquelle, perché sur un camion, il entraîne des milliers de personnes à travers les rues de la capitale. Au cours de l'été 82, Jacques Higelin et ses sept musiciens enflamment le théâtre antique d'Orange devant 10.000 personnes.
Faussement paresseux, Higelin ne cesse de produire et créer. Dans l'album "Higelin 82" qui sort en septembre, il signe des ballades sublimes aux textes évocateurs. Dans "La ballade de chez Tao", il évoque sa terre d'adoption, la Corse. Mais surtout, dans "La Putain vierge" ou "Beauté crachée", son talent de poète transparaît avec force. Pour ce disque, il fait appel à un nouveau bassiste, Eric Serra, futur compositeur des musiques des films de Luc Besson, dont "Le Grand bleu".
Nuits de noce
L'année 1983 est marquée par les quatre mois que Higelin passe au Casino de Paris à partir de septembre. Tous les soirs, devant un public ébahi mais séduit, il épouse à nouveau sa compagne Kuelan. L'ambiance est surprenante et conviviale, comme à l'habitude. L'année suivante, les expériences se multiplient. Il enregistre le conte musical "Pierre et le Loup" de Prokofiev avec l'Orchestre national d'Israël dirigé par Zubin Mehta et accompagné au piano par les soeurs Katia et Marielle Labèque. Au Trocadéro à Paris, face à la Tour Eiffel, il se lance dans un spectacle mêlant jazz et cirque, "Corde raide et piano volant", au cours duquel un funambule enjambe l'esplanade. On le voit également, aux côtés du jazzman Luther Allison à Paris ou de la chanteuse québécoise Diane Dufresne à Montréal, lors d'un show aussi fou et poétique que ceux du chanteur. Plus paisiblement, il clôt l'année par une tournée africaine qui le mène du Zaïre au Sénégal. Il y rencontre de nombreux musiciens et partage l'affiche avec des vedettes locales, comme Stanislas Tohon au Bénin.
Le 21 octobre 1985 sort l'album "Aï" avec quelques tubes en puissance, "Jack in the box" ou "La Croisade des enfants". Réalisé par le Québécois Michel Pagliaro, ce disque reflète une certaine inquiétude d'Higelin face à son époque et au sort, souvent pénible, de ses contemporains. C'est entre la France et l'Andalousie, que le disque est enregistré avec des musiciens aussi variés que Eric Serra à la basse, Didier Malherbe (ex-Gong) au saxophone, Jean-Louis Mahjun au violon ou Mahut aux percussions. Avec le même groupe, il s'installe quatre semaines à Bercy devant une salle de 16.000 places. Le show est mis en scène par le metteur en scène Patrice Chéreau. A cette occasion, il présente au public parisien deux chanteurs africains encore peu connus en Europe, le Sénégalais Youssou N'Dour et le guinéen Mory Kanté. Son fils Arthur fait même quelques apparitions. Mais pour la première fois, Higelin est dépassé, débordé. Le décor, qui représente le parvis de Notre Dame de Paris, frôle la mégalomanie. Le résultat est un échec critique, public et surtout financier.
Assommé par cette dernière étape, Higelin prend du recul. Il se lance dans une tournée des petites salles où il retrouve un contact tout neuf avec le public plus proche des concerts de ses débuts. Il tourne pour le cinéma, écrit et compose tout seul chez lui, renouvelle sa façon de travailler. En 1987, il publie "Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans" qui renferme la correspondance amoureuse du jeune soldat Higelin 25 ans plus tôt.
Apaisé et serein, Jacques Higelin sort en décembre 1988 l'album "Tombé du ciel". Conçu en solitaire, le disque est produit par Jacno. C'est un énorme succès. Le public plébiscite en particulier "Tombé du ciel", mais le titre préféré de Jacques Higelin reste "le Parc Montsouris", parc du sud de la capitale près duquel vit le chanteur. Dès novembre, Higelin a entamé une série de spectacles à la Grande Halle de la Villette dans le nord de Paris. La scénographie et les jeux de lumières sont sophistiqués, et la spontanéité d'Higelin y perd un peu. Néanmoins, c'est un fort succès. Après 45 soirées à la Villette, Higelin entame une longue tournée qui le mène au printemps de Bourges en avril 89. En près de six mois, il a rassemblé 700.000 personnes, chiffre d'autant plus impressionnant que Higelin tient plus que jamais à fréquenter les petites salles. Au cours de cette tournée, le chanteur a retrouvé son amie de toujours, Brigitte Fontaine, pour des concerts mémorables où les deux personnalités se retrouvent avec le même enthousiasme qu'à leurs débuts.
Le 31 décembre 1989, Higelin organise un réveillon du nouvel an au Zénith où de 21h30 à l'aube, il entraîne le public dans une nuit endiablée. De nombreux amis les rejoignent sur scène : Paul Personne, Raoul Petite, Didier Lockwood, Eric Serra ou les membres du cirque Arcaos.
Luttes
Le succès de "Tombé du ciel", qui est rapidement disque de platine (350.000 exemplaires) précède la sortie d'une compilation, "Au cour d'Higelin". Higelin est un des maîtres de la chanson française. Son succès et sa notoriété lui servent lors des luttes qu'il mène à cette époque. En effet, on le voit de plus en plus auprès de l'association "Droit au Logement" qui travaille à loger les personnes défavorisées. Toujours prêt à descendre dans la rue pour soutenir les plus faibles ou les luttes qu'il considère légitimes, il avait déjà soutenu les manifestations des étudiants en 1986.
A 50 ans, Jacques Higelin devient père pour la troisième fois. Sa fille Izia naît le 24 septembre 1990, et l'album très sobre qui sort un an plus tard est fortement empreint de cet événement. Ses chansons sont tournées vers les points essentiels de l'existence : la naissance, l'amour, la mort. Grâce à quelques invités dont Youssou N'dour et le percussionniste sénégalais Dudu N'diaye Rose, Higelin intègre des sonorités métissées. Sonorités que l'on retrouve lors des concerts qu'il donne à partir du 17 janvier 1992 au Grand Rex. Entouré du groupe vocal belgo-zaïrois, les Zap Mama, il crée une atmosphère généreuse où l'Afrique tient une grand place. Après trois semaines, il recommence une tournée française et internationale.
En 1993, il tourne un film pour la télévision, "Un Homme à la mer" réalisé par Jacques Doillon avec qui il avait travaillé au début des années 70 ("L'An 01", 1973).
Mais surtout, en 93 il travaille sur l'album "Aux Héros de la voltige" qui sort en 1994. Onzième album du chanteur, ce disque renoue avec un funk-rock métallique mais laisse une large place à la tendresse de ses sentiments et à la gravité de ses angoisses. Ses retrouvailles avec la scène ont lieu au Cirque d'Hiver qui, quelques années plus tôt, a déjà longuement accueilli la famille Higelin dont le public fait partie intégrante. Du 25 octobre au 20 novembre, Jacques Higelin reprend sa course dans le décor sublime du Cirque d'Hiver. Fort du succès de l'automne 94, il réintègre le même espace en mars et en avril 95. Puis, au Printemps de Bourges, il parraine les Découvertes et offre les premières parties de ses spectacles à de nombreux jeunes artistes, comme autant d'espaces de liberté et de création. Outre Bourges, Jacques Higelin est aussi un des piliers du festival des Francofolies de la Rochelle où il est présent presque tous les ans en juillet. Même s'il n'est pas à l'affiche, il n'est pas rare de le voir ou de le croiser lors d'un "bouf" improvisé ça et là pendant les journées du festival.
Il consacre l'année 96 à un tour du monde en solo. A son retour, il signe sur un nouveau label de Warner, Tôt ou Tard.
Artiste fantasque et attachant, toujours créatif, Higelin a écrit des pages parmi les plus lumineuses et les plus touchantes de la chanson française. Sur scène pour le public ou dans la rue pour les personnes dans le besoin, sa sincérité est incontestable, même si elle frise parfois la cabotinerie. Le 8 octobre 1997, il invite nombre de ses amis artistes pour un concert au profit des immigrés "Sans-Papiers". Présentée par Claudy Siar de RFI, la soirée réunit des musiciens aussi différents que Brigitte Fontaine et Areski, l'Algérien Cheb Mami ou Dudu N'diaye Rose.
Higelin au Paradis
En 1997, Higelin commence à travailler sur son 22ème album, "Paradis Païen". Il en écrit tous les titres, excepté un, signé Areski-Fontaine, "Rififi". Ce nouveau CD marque surtout des retrouvailles avec Areski qui réalise entièrement l'album, secondé par son fils Ali Belkacem. Le tout sort le 22 septembre 1998 et le premier extrait qui en est tiré est "une Tranche de vie".
Dès le mois d'octobre, Higelin entame une longue tournée qui démarre au Casino de Paris du 6 au 18 octobre. Spectacle épuré, il "tient" la salle près de trois heures, pratiquement seul sur scène avec ses instruments, accordéon, guitares et piano, nouant avec le public une relation directe. Début décembre, il reçoit des invités sur la scène de la Cité de la Musique. Sally Nyolo, Brigitte Fontaine, son épouse Aziza se succèdent au cours d'un spectacle proche de la formule de l'Olympia.
Il reprend la route à l'automne 99 et clôt cette tournée par un Olympia unique le 15 décembre. Il est cependant de retour sur scène à Lyon pour les fêtes du 31 décembre.
En 2000, point de répit. Higelin reprend les concerts et s'envole fort loin. Du 12 avril au 7 mai, Jack au banjo donne une série de spectacles en Amérique du Nord, en duo avec Mahut. Cette tournée l'amuse beaucoup et remporte un certain succès inattendu auprès des Américains pourtant un peu surpris par ce personnage loin des clichés du chanteur français façon Aznavour ou Julien Clerc. Quelques articles dans des journaux aussi prestigieux que le New York Times ou le Washington Post confirment cette réussite.
Tournées
Juste le temps de donner quelques concerts à son retour en France, et toute l'équipe est repartie en Afrique de l'Est (Djibouti, Kenya) et dans l'Océan indien en juin. Cette tournée remporte un fort succès auprès des Français expatriés mais permet à Jacques Higelin de rencontrer des musiciens locaux et de parfois les inviter sur scène comme ce fut le cas à Madagascar où, à l'occasion de la Fête de la musique, le 21 juin, il fait une large place aux artistes malgaches.
A peine de retour dans l'Hexagone, la tournée reprend et se prolonge une bonne partie de l'été et de l'automne avec un passage à Beyrouth fin octobre. Début novembre, sort un album live, enregistré avec ses trois complices, Mahut, Frédéric Deville et Gérard Tempia Bonda. Ensemble, ils avaient tourné tout le long de l'hiver 99-2000.
En 2001, Jacques Higelin continue de tourner à travers la France. En mai, il prolonge sa tournée de l'année précédente dans l'océan indien en filant vers l'Océanie. Il donne ainsi deux concerts dans un petit bar de Sydney en Australie, puis trois en Nouvelle Calédonie au Centre Tjibaou de Nouméa du 17 au 20 mai. Au cours de l'été, il participe à un spectacle au profit des réfugiés dans le théâtre antique de Vienne. Puis en août, il se rend à Uzeste, dans le Sud-Ouest pour un concert père-fils au cours duquel il chante avec Arthur H.
En 2002, Higelin continue l'écriture d'un album, déjà commencé l'année précédente. Il donne également quelques concerts au printemps. On le voit en octobre 2002 aiu festival du Vent à Calvi ou en mai 2003, place de la République à Paris, au profit de la lutte contre la Double peine.
Avec Charles
Il accumule du matériel pour son nouvel album mais décide de "s'aérer" en revisitant le répertoire de Charles Trenet. Jacques Higelin est un grand admirateur du poète disparu. Il monte un spectacle "Higelin enchante Trenet" constitué d'une vingtaine de chansons, avec son complice de longue date, le percussionniste Didier Mahut. C'est en juillet 2004 aux Francofolies de La Rochelle que l'aventure débute. Il part alors en tournée à travers toute la France. En novembre, on le voit à Paris sur la scène de La Cigale pour accompagner sur quelques titres la jeune chanteuse française Jeanne Cherhal, avec laquelle il a enregistré un duo, "Je voudrais dormir".
Du 23 mars au 3 avril 2005, le chanteur se produit à Paris pendant deux semaines au Trianon, avec son spectacle alors que sort presque en même temps, un coffret "Entre deux gares", une belle compilation de trente-trois succès retraçant presque quarante ans de carrière.
Juin 2005
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