Dans l'imagerie d'Epinal des sixties françaises, Les Missiles sont le groupe d'un seul tube, l'adaptation en 1963 de "Greenback dollar" du Kingston Trio. Plus proches des groupes vocaux sixties (la chanson dite yéyé, chantée ici à quatre), que du groupe de rock (bien que musiciens, ils ne produisent aucune "musique en soi", simplement un accompagnement basique), les quatre Missiles apportent aussi la petite touche inattendue de leur accent pied-noir. "Sacré dollar" plane effectivement au-dessus de leur discographie, mais la parution de cette intégrale (pour fans de l'époque) permet d'accrocher quelques autres (petites) médailles au revers de leurs costumes cintrés. Enormément de reprises à leur répertoire, les deux plus réussies venant sans surprise de groupes américains de même format (chanteurs s'accompagnant), les Seekers auxquels ils empruntent "I'll never find another you" (excellent "Je n'en veux pas d'autre que toi") et le Kingston Trio déjà cité, pour ce "Sacré dollar" - sacrée reprise, parmi les meilleures qu'aient signées des français dans les années soixante, qui s'écoute toujours aussi bien aujourd'hui. Les Beatles première période sont aussi sollicités, "Ps i love you" ("Ca reste entre nous") et "Bad to me" ("Tu changeras d'avis"), le standard country de George Hamilton IV "Marilyn" ("Abilene"), "I know a man" de Rolf Harris ("Je sais que tu triches"), "Fun fun fun" Beach Boys ("Fume, fume, fume"), "King of fools" de Ed Bruce ("Le roi des fous"), "Boom boom" de John Lee Hooker ("Boum boum") ou encore "It ain't necessarily so", le standard de Gershwin pour Porgy and Bess chanté entre autres par Ella Fitzgerald et Peggy Lee ("Ce n'est pas nécessairement ça")... Des petites incursions country bien ficelées, enfin il faut plutôt entendre par country, des "chansons de cow-boy" avec force galops de guitares rythmiques acoustiques et backing vocaux pleins d'écho et de "yoo hoo!!" claquant comme des fouets ("Salut Larry", "Quand on est jeune", "Les conquérants de l'Ouest"...).